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Esprits de la montagne...
journal de Nebty, fils de La Goulue
mercredi 2 mai 2012, par
Nous passons du temps à chercher la jeune fille, tandis que Kallicé va explorer – par son esprit - rapidement le campement des bûcherons. A son réveil, pas de doute : ils sont morts. Elle a vu quatre cadavres, avec de profondes entailles. Des blessures de haches, ou des blessures surnaturelles ?
Pour Khet-Raneh, aucun doute possible :
« C’est un garou, s’il y a du garou, je n’y vais pas ».
Pas très étonnant, vu qu’il a mis quelques siècles à récupérer de sa dernière rencontre avec la meute de garous égyptiens.
Nous remontons le cours de la rivière, Kama et Wu-Li en tête, et Khet-Raneh et moi recherchons la jeune fille.
Les gardiens du barrage ne l’ont pas vue. Elle a dû passer par là au moment de la relève.
Nous finissons par remonter vers la montagne, et nous retrouvons Im’Dir, qui attend sa maîtresse et Wu-Li. Il n’a pas pu escalader les sentiers.
Grâce à Bastet, nous avançons dans la nuit. Le ciel est couvert, nous arrivons dans les arbres.
Nous entendons chuchoter.
« C’est nous ! Nebty et Khet-Raneh ! (miaulement de protestation) Et Bastet. »
Kama et Wu-Li avancent vers une clairière. Je me décide à avancer dans les hautes herbes, Kama me couvre avec son arc.
Je bute sur quelque chose de mou. Un corps.
Enfin, ce qu’il en reste.
Kama arrive et observe : ce sont les restes des bûcherons.
Il n’y a que quatre corps, il manque un bûcheron. La cabane est vide ; mais elle est minuscule. Pas moyen de dormir à quatre ou cinq… Nous continuons à explorer, Bastet nous guidant ; heureusement, je n’y vois absolument rien. Kama a l’air plus à l’aise. Sans doute un des pouvoirs de son père.
D’autres clairières, d’autres cabanes, dont une à deux places.
Mais aucune trace des bûcherons. Ni d’attaque particulière.
Nous repartons vers le bord de la rivière, où un arbre prêt à descendre vers nous est posé.
Tout à coup, Bastet hérisse le poil, et nous avons tous une mauvaise intuition : on nous observe.
Des bruits dans les feuilles, des rires. Le reste de la nature s’est tue.
Peut-être des esprits de la forêt ? Ma mère m’avait parlé de ces créatures, dans d’autres terres, et les mortels de Xiling en parlent dans leurs histoires.
Je commence un chant d’hommage aux esprits. La nature semble se calmer, mais une petite silhouette s’approche.
Velu, un regard sombre, et un peu d’eau dans le creux dégarni de son crâne.
Un Kappa, un esprit de la rivière et de la nature.
Je le salue, lui rend hommage… Tente de l’amadouer. Ce n’est pas la stratégie de mes compagnons, qui tentent de faire plier le Kappa. Mais celui-ci envoie une racine attacher Kama.
Il reproche aux bûcherons de détruire la nature, nous trouve très bizarres (forcément), et nous demande de partir, « sinon, vous allez avoir peur ».
Khet-Raneh sourit dans l’ombre : si j’étais le Kappa, je ne me risquerais pas à ce concours avec le Nosferatu.
Nous expliquons que nous avons besoin des arbres pour nous défendre de l’attaque des barbares. Que s’il nous aide, nous ferons à la gloire des Kappa des chants de terreur pour empêcher les humains de revenir chez eux.
La négociation se poursuit, puis pour montrer notre bonne foi, j’entonne un chant à la gloire des terribles créatures.
C’est compter sans Khet-Raneh, qui profite de mon chant pour agir.
Je sens apparaître dans mon esprit des images si terribles, je chante des crimes tellement atroces que je finis par m’arrêter, la gorge nouée. Bastet se blottit dans mes bras.
Le Kappa finit par se laisser convaincre : si nous laissons la forêt tranquille, il nous enverra le bois mort.
Nous quittons le bord de la rivière.
De retour au village, Khet-Raneh rend visite à la famille de la jeune fille, tente de lui expliquer qu’elle a dû rejoindre le monde des Ancêtres.
De mon côté, dans mon petit théâtre, je compose des chants à la gloire des Kappas. Les humains sont terrorisés, ils ne se risqueront pas dans la montagne de sitôt.
Le lendemain, un tronc d’arbre mort est récupéré dans la rivière. La palissade va pouvoir avancer.
En espérant que ce sera suffisant quand les barbares reviendront…