la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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Vers les montagnes de l’Est

dimanche 11 mars 2012, par Sophie Conteuse

Je rejoins ma maîtresse et ses compagnons dans le temple, où nous gardons le Nosferatu.
Il s’est passé des choses dans le temple, à voir leurs têtes. Des choses qui les dépassent, et vu leur expérience, ça doit être terrible.

Je tends l’oreille et je finis par comprendre : Sacha a rejoint Uta-Napisti, qu’elle désigne comme « leur créateur ». Et Asshâni finit par raconter ce qu’il sait : que les non-vivants ont été créés par trois personnages, dont Uta-Napisti. Que le Mekhet est rattaché à une autre de ces créatrices, la Dame Noire, et que chacun de ces créateurs poursuit un but différent pour leurs créatures. Uta-Napisti ne veut pas détruire les non-vivants, mais les dominer.
Et il ne veut réveiller Akhenaton que pour le contrôler.

La troupe regarde, un peu dépitée, la momie d’un côté, Nakia et son pieu de l’autre.

Asshâni veut délivrer son infante, mais au prix d’un tel massacre de mortels que le reste de la troupe s’oppose.

La décision est prise : quoi que nous fassions de la momie et de la non-vivante, il nous faut fuir, le plus loin possible. Et, dans l’idéal, éloigner le corps d’Akhenaton de son âme prisonnière.

Nous prenons donc la fuite, en remontant le Nil.

Ma maîtresse décide de faire escale à Memphis, où elle retrouve Kary, un non-vivant du clan Gangrel. Il a l’air ravi de la retrouver. Elle lui propose de se joindre à notre groupe, pour remonter vers Babylone, où se trouve un grand site Gangrel, les Jardins suspendus.

Kary accepte : plus rien ne le retient après la destruction de son jardin, et, pour tout dire, ma maîtresse ne lui déplaît pas. Les autres non-vivants ricanent, Bastet boude au fond de son sac, et moi… moi, je me demande bien ce que je vais faire à Babylone…

Les mois passent, les pays se succèdent, et nous arrivons dans la ville où est née (dans tous les sens du mot) ma maîtresse.

Chacun part de son côté, Kallicé et Asshâni dans un repaire secret, Thotmès et Khet-Raneh continuent d’avancer vers l’est.

Kary, puis ma maîtresse, vont se présenter au Prince de la ville. Ce n’est plus le Sire de ma maîtresse mais son infant. Un frère, pour ainsi dire.

Un frère un peu effrayé de l’arrivée de cette infante plus ancienne que lui, qui pourrait lui disputer le trône. D’autant plus dangereuse qu’elle est revenue d’Égypte, un endroit d’où nul ne revient, en règle générale.
Par chance pour lui, La Goulue n’a pas ce genre d’ambition politique. Elle est plutôt rassurée que son sire soit en sommeil, et fait part de son désir de poursuivre son chemin.

Kary rejoint les Gangrel de la ville, cherche des traces des Jardins Suspendus.
Kallicé et Asshâni nous retrouvent, il est temps de reprendre la route.

C’est alors que ma maîtresse me fait part de son projet pour moi.

« Quand nous serons dans les montagnes, je ferai de toi mon infant. Tu ne seras plus un esclave. Je te demande juste deux choses : veiller à ce que mon sommeil soit tranquille, et que Bastet ne meure pas. »

Je ne suis pas tranquille, même si je n’ai pas le choix. Devenir un monstre à mon tour, ou risquer de dépendre du sang d’un non-vivant plus cruel que ma maîtresse…
Retrouver une vie normale ? Retourner dans ma ville, à Tanis ?
Mes compagnons sont sans doute morts depuis longtemps. Et les survivants se sont choisis un autre chef.

Le trajet se poursuit, ma maîtresse passe ses nuits à me parler du clan Ventrue. « Un clan de seigneurs. Ou d’arrogants, enfin… soupire-t-elle. Je ne suis pas exactement une Ventrue classique. Cannabix, mon infant de Jérusalem, a mieux réussi, si on peut dire ».
Je ne dis rien.

Les mois passent.
Toujours, nous avançons vers l’est, vers des terres inconnues.
Les montagnes s’approchent.
La petite troupe de non-vivants prépare son ascension.

Je suis gelé. Quel pays de barbares… Les non-vivants ont bien de la chance, ils ne sentent pas le froid mordant du vent et de la neige. Mais leurs corps sont blessés quand même.
Bon à savoir… si jamais je fais partie de la bande, un de ces jours.

Nous parvenons dans un endroit assez sûr pour construire un temple. Tout le monde se met au travail, Kallicé a poursuivi sa route dans les plaines pour bâtir une ville.

Le temple avance bien, un abri sûr pour protéger la momie et le sommeil de ma maîtresse. Khet-Raneh, qui a retrouvé ses bras et ses jambes, rend visite aux sages des environs.

Asshâni travaille à son rituel pour délivrer son infante.

Une nuit, ma maîtresse vient me voir, son regard est terrible, je sens le monstre en elle plus présent que jamais.

« Es-tu prêt ? »

Il me semble que je réponds « oui ». J’ai un peu du mal à marcher mais je parviens à la suivre dans une pièce isolée.

« Ferme les yeux »

J’obéis. J’ai peur !

Je sens les crocs de ma maîtresse dans mon cou.
Puis tout se brouille : un plaisir inattendu, suivi d’une douleur atroce, mes os fondent, mon ventre flambe… je vais mourir… je reconnais le sang de ma maîtresse.

Une éternité se passe. Je suis allongé par terre, ma maîtresse assise près de moi. Bastet a l’air terrorisée.
« Alors, Bastet, tu veux toujours être étreinte ?
- … non, maîtresse, plus vraiment ! »

Tiens, j’entends la voix de Bastet.
Je me redresse, bizarrement en pleine forme, plus fort et plus habile que jamais. Mais je ne m’y trompe pas : la Bête sommeille maintenant en moi. Pour toujours.

Me voilà nouveau-né, Nebty de Tanis, non-vivant du clan Ventrue, fils de La Goulue de Babylone.

Les nuits se succèdent, je découvre mes pouvoirs tout neufs. Je prends le contrôle de Bastet, qui me fait bien comprendre qu’elle est plus ancienne que moi, que je lui dois le respect. Quel sale caractère…
Ma maîtresse… enfin… ma mère plonge dans son sommeil.

Pendant ce temps, Asshâni ramène au temple des pauvres gens, les isole, ça sent le massacre.

On entend des cris qui viennent de la salle où le Mekhet s’est isolé, Thotmès a fermé la salle avec des pierres. « On ne sait jamais, simple précaution ».

Je réfléchis : laisser ma mère dormir à deux pas d’un fou furieux, qui a laissé la Bête prendre le dessus, et qui n’aura aucun scrupule à la dévorer… Pas question.
« Maîtress… euh, Mère ! Réveillez-vous ! »

Nous descendons dans la plaine, laissant Thotmès, Khet-Raneh et ce qui reste d’Asshâni et de son infante dans le temple.

Nous arrivons, sur les conseils d’Akhor, la goule de Kallicé, dans un petit village. Kallicé a choisi un petit village de guerriers, Xiling, pour établir sa ville.
« Ah ? Il y a du changement, là-haut ? », nous dit la Mekhet en nous voyant arriver.

Le temps de l’informer, nous trouvons une nouvelle cachette pour ma mère. Qui replonge dans son sommeil, pour plusieurs années.

Bastet miaule et gratte près de la porte, puis, au bout de quelques nuits, revient dans mon sac.
« Qu’est-ce qu’on fait, maintenant… maître ? »

Je ne sais pas trop. Reste à découvrir ce pays étrange mais fascinant, où on parle d’Anciens qui se réveillent, encore plus anciens qu’Uta-Napisti.