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"LE DIT DE CUSH"
11-Plan Démoniaque
Les Voyageurs Infernaux
jeudi 30 septembre 2010, par
Bashir roulé en boule dans l’épaisse poussière grise qui recouvre tout le sol, et qui ne comporte aucune trace, où que l’œil porte.
Aëshala qui a du mal, elle aussi, à se remettre de ce qui s’est déroulé pendant la cérémonie, et le fait qu’elle est maintenant dans le plan primordial de l’Enfer, d’après Mooz, le grand-prêtre, du moins.
Celui-là, Aoyuntaï et moi lui lions les mains, bâillonnons la bouche et occultons les yeux.
Kallicé l’interroge : mais, hormis de dire que nous allons mourir ici dans d’atroces souffrances, et que personne, depuis des Siècles, n’est revenu, il n’y a que peu à en tirer.
D’ailleurs, c’est faux : je n’ai que peu de connaissances occultes, voire aucune, mais je sais qu’Oupouaout, mon Sire, qui, en Égypte, conduisait les morts entre les mondes, m’a bien dit qu’il y a des moyens de passer dans les Enfers, et d’en revenir. De plus, Gilgamesh l’a bien fait, lui aussi.
Kallicé doit bien connaître des exemples grecs, elle aussi, de ces voyageurs infernaux.
Aoyuntaï calme Ratao, qui est quelque peu dératé… dérouté, pardon. Avant d’observer l’immense arche.
Asshâni observe les parages : aucune trace de passage, ni d’êtres vivants… rien à craindre de ce côté là, pour le moment.
En revanche, le paysage est terrifiant : pierre basaltique et noire au sol, souvent recouverte de poussière grise, le tout entrecoupé de failles où coule la lave !
À perte de vue. Au loin, des montagnes se découpent, comme des lames acérées.
Le ciel : effectivement, un soleil sombre est là, mais caché derrière les épais nuages noirs.
Néanmoins, nous sommes tous fort inquiets : lave brûlante de toutes parts, un soleil présent… les deux Mekhets sont au bord de la panique et doivent se maîtriser de façon constante.
L’arche semble une construction mystique, qui n’est pas faite par la main de l’homme, et elle s’élève à cinq ou six mètres à son sommet. Elle est transparente, et des visages en souffrance se pressent contre les parois, depuis l’intérieur. Il y a en des milliers, car les visages passent, changent, ce ne sont pas les mêmes. Et cela s’enfonce dans le sol basaltique.
Aoyuntaï tente de gratter la surface à la dague, mais la matière chauffe, et la pointe de sa lame fond.
Pour ma part, j’y applique ma main, et tente de voir si je peux faire en sorte que les visages suivent mes mouvements… mais [N.B. : pas glop l’échec critique !] je hurle, et retire mon bras : ma paume est grièvement brûlée, et l’impression d’un visage endolori, un fantôme, y est imprimé !
Bashir accepte – sans choix, il est bien obligé – d’offrir un peu de son sang, et Aoyuntaï tente un rituel chamanique, avec la langue utilisée par Mooz, et le vase récupéré chez les bandits… mais rien ne se passe.
Pour finir, je dégage le sol sous l’arche, pour voir s’il y a des marques, inscriptions… rien.
Nous partons donc, chercher ailleurs s’il y a quelque chose.
Direction : en ligne droite, face à l’Arche, pour continuer dans la direction par laquelle nous nous sommes trouvés transportés ici.
À la queue leu leu : Asshâni et moi devant – notre guerrier aux couteaux réussit bien à calmer sa peur du feu liquide qui coule partout autour de nous -, suivis par Aoyuntaï qui surveille Mooz, avec Bashir, puis Kallicé qui s’occupe d’Aëshala.
Pour ma part, je gambade comme une antilope du désert, sautant, pieds nus, de plaque rocheuse en plaque rocheuse, par dessus les flaques de magma en fusion [N.B. : ouf la réussite critique].
Mais la gambade finit au pied d’une falaise haute cent mètres.
À gauche, à droite… non, Asshâni et moi grimpons afin de voir ce qu’il y a de l’autre côté, et décider du chemin à prendre.
Une autre plaine s’étend à perte de vue, mais… une tour noire et effrayante, se dresse au loin. À une dizaine de kilomètres.
Les autres grimpent pour nous rejoindre, au sommet de l’à pic.
Kallicé voit qu’il y a une ville sombre accrochée au bas de la tour.
En route !
Comme nous nous approchons – à mi chemin -, la vue de Kallicé remarque qu’il y a de la vie, du moins du mouvement, alors que nous nous voyons la ville apparaître. Puis, quelque chose lui fait tendre l’oreille : des bruits de chiens en approche.
Nous nous préparons, et des molosses infernaux apparaissent, effectivement : énormes, peau en épais cuir noir, yeux rouges, babines écumantes et… échines enflammées !
Panique : le feu nous arrive droit dessus, et on va devoir le combattre.
Aoyuntaï et moi arrivons à communiquer avec les chiens, qui disent venir pour nous attaquer nous, parce qu’on est là. C’est violent d’entrer en contact avec eux, car leur esprit n’est que folie, dûe à la douleur.
J’arrive à donner un ordre mental à un, de ne pas nous attaquer… mais il est dérangé, et n’obéit pas totalement, en revanche il ne m’attaque pas moi.
Asshâni, placé en éclaireur, et dissimulé quelque part, apparaît soudain, et plante ses lames dans le chien… mais il doit se retenir, et frapper d’un peu de distance, car les flammes sont là, juste à côté de ses mains qui frappent ! Et la peur doit l’étreindre, car c’est là la crainte de son Clan ! S’ensuit un combat dans lequel Asshâni louvoie, et esquive, se battant sur la défensive, mais se fait mordre par la bête : dont les dents brûlent en fait la peau ! De plus, sa peau est comme une armure de cuir, et les lames l’entaillent, mais le chien résiste. C’est un combat dur. Asshâni est assez blessé, et j’arrive à toucher le chien avec des billes expédiées par ma fronde : grâce à cette aide, le molosse meurt enfin…
Aoyuntaï, lui, ayant sorti ses griffes mystiques pour grimper la falaise, dompte sa peur du feu, et donne des coups, éraflant le chien qui lui fait face, sans faire trop de dégiats, en dépit du fait qu’il puise dans les forces de son Sang, et qu’il use de sa Volonté : mais il se fait mordre grièvement deux fois, et se retrouve avec le bras brûlé, l’os à nu, et aussi au torse, qui brûle, et les côtes sortent parmi la chair noircie… il n’aura de choix d’user de sa vitesse vampirique, et fuir à travers la plaine, entrainant le molosse à sa suite. Pour ma part, je tente de le toucher avec ma fronde, mais cela ne le dévie pas. Heureusement, le chien abandonne, et disparaît dans la plaine.
Pendant ce temps, Mooz et Bashir sont allongés, recroquevillés, et demeurent indemnes.
Kallicé a sorti sa dague, et bloque les coups du chien, les esquivant grâce à sa Célérité, et porte des coups au dogue noire et brûlant qui est contre elle. Mekhet qui a peur du feu : pas Kallicé ? Femme mondaine ? Que nenni : elle vous dépêche un Chien d’Enfer en deux ou trois coups de daguelette, et : « Au suivant » !
Le suivant, c’est le quatrième chien qui tente de croquer la tendre chair d’Aëshala. Cette dernière évite les coups, car elle ne se bat pas, mais se protège et esquive. Aussi elle se fait mordiller aux bras, mais rien de trop grave… néanmoins, cela commence à s’accumuler, aussi elle se met à riposter à la dague. Elle touche, puis Kallicé arrive et touche aussi, pour aider sa protégée. Je lâche ma fronde et me rue, plantant un bon coup de hache dans le dos du chien… puis, Asshâni, achève le chien.
Aoyuntaï revient… lui est plus que grièvement blessé, à la limite de la mort. Il a des trous béants dans le torse, sur le bras. Asshâni est bien blessé lui aussi, de même que Kallicé et Aëshala. De plus, le sang vampirique ne peut fermer ces blessures…
Heureusement, pour moi, que j’ai pu détourner le chien qui m’attaquait, car je demeure sans blessure, et que si je puis faire de bons coups à la fronde, j’aurais été peu utile au contact.
Nous sommes dépités… blessés, sans porte de sortie, perdus, avec comme seul but, cette cîté, mais si les chiens en proviennent, leurs maîtres ne vont pas être tendres avec nous !
D’ailleurs Kallicé semble voir qu’il s’agit de démons qui habitent là-bas !
Et puis, elle perçoit qu’il y a des oiseaux, ou des chauves-souris dans le ciel… d’ici à ce qu’ils nous attaquent, ou signalent notre présence.
Mal partis, qu’on est !
Pour couronner le tout, je remarque que la tête de fantôme imprimée dans ma paume a… bougée ! Elle a changé d’expression de visage, et s’est un peu déplacée. Elle commence à se sentir à l’aise : il est évident, d’après Aoyuntaï, qu’une bribe du fantôme est passée de l’Arche dans mon corps, via ma main.
Pas sûr qu ’elle y soit mieux, car, si on revoit quatre chiens comme cela, il est bien probable que nous mordions la poussière.
Mais, nous sommes victorieux, aussi c’est le moment des trophées : je sors mes outils, et, alors qu’Aoyuntaï récupère un échantillon de sang, j’aide Asshâni à récupérer une paire de canines. Pour ma part, je prélève un fémur, un carré du cuir, et une tête entière. J’en profite pour disséquer l’animal, et voir qu’il s’agit bien d’un simple chien.
Aoyuntaï se repaît d’un peu de sang sur Mooz, sous l’œil vigiliant de Kallicé, qui l’empêchera d’en prendre de quoi affaiblir le prêtre. Mais Aoyuntaï se contrôle bien, boit peu.
Bon, nous voilà repartis. On va voir si cette ville infernale remplie de démons d’où doivent venir ces chiens enflammés qui ont failli tuer Aoyuntaï… est un lieu où l’on sera en sécurité ?!
Superbe stratégie, non ?
Hop, hop, hop, nous jouons encore à saute-mouton, bondissant par dessus les petits ravins au fond desquels coule toujours cette lave…
C’est là qu’Aoyuntaï, dont les blessures sont tellement graves qu’elles pèsent sur ses capacités, pesant sur sa Force, réduisant sa Dextérité, glisse sur une plaque de basalte, et son saut est mal équilibré… aussi il tombe court, et chute vers la lave.
Kallicé, juste derrière-lui, réussit à se saisir de son bras, et Aoyuntaï ne tombe pas dans la lave, mais vient cogner contre la paroi rocheuse du petit ravin.
Je ressaute en arrière, de leur côté, et agrippe immédiatement Kallicé, afin qu’elle ne tombe pas plus, elle aussi, car elle a été entrainée, et est là, allongée, une main tenant la bordure du ravin – mais je la sécurise solidement – et l’autre main tendue pour tenir Aoyuntaï, qui est donc à près de deux mètres plus bas !
Asshâni voit que Kallicé a les crocs qui sortent, ayant usé encore de son sang pour augmenter sa Force, elle est en passe d’entrer en Frénésie !
Asshâni enfonce sa main dans la bouche de Kallicé, qui se met à boire son sang… mais doit le dépenser de suite, afin d’aider à tenir Aoyuntaï.
Moi, je continue de la maintenir, afin qu’elle ne tombe pas.
Aoyuntaï a la main qui glisse, il n’arrive pas à se maintenir…
Assurés que s’il lâche, Kallicé ne risque pas de chuter avec, Asshâni et moi bougeons tous deux vers le bord, afin de plonger – nous avons tous deux eux la même idée – et tenter d’agripper le Gangrel qui est si près du feu, qu’il doit recroqueviller les jambes !
Mais nous ne pouvons pas !
Impossible…
Ni Asshâni, ni moi, ne paniquons, mais si nous nous maîtrisons, nous n’arrivons pas à trouver le calme nécessaire pour plonger vers la lave !
Aoyuntaï tombe !
Au moment de toucher la lave… il réussit à puiser dans la dernière réserve de Volonté, et presque de son Sang, et il se fond dans la paroi rocheuse !
Ratao, jusqu’alors caché dans la besace du Mongole, apparaît, et ses pattes moulinent dans le vide… mais il réussit à s’agripper à une petite excroissance.
Pendant ce temps, Kallicé reprend du sang sur Asshâni, qui la nourrit… et moi, alors que personne ne voit, je prends un peu de sang sur Mooz, afin d’être totalement plein de Vitae. Je me dis que je vais probablement devoir nourrir Asshâni si cela continue.
Puis nous nous préparons à aider Aoyuntaï.
J’explique qu’il peut rester comme il veut dans la pierre, mais aussi en sortir, et qu’il ressortira là où il est entré, et qu’il nous entend. On va tenter de lui préparer une corde.
Kallicé récupère donc toutes les robes de mage de Marduk, et Asshâni les coupe en lanières, et je m’applique à les lier et les tresser : une belle corde, bien longue et solide.
Nous l’arrimons solidement, la descendons.
« Aoyuntaï ! Sors ! Une corde est là ! ».
Aoyuntaï jaillit de la paroi d’un coup… et réussit à accrocher la corde ! En plus, Ratao réagit en sautant sur Aoyuntaï.
Nous remontons tous le Gangrel de Mongolie, tirant la corde… mais : d’une part, je vois que Mooz tente de s’enfuir – je lâche la corde, car on n’a pas besoin de moi – et je tire une bille, qui frappe Mooz à la tête, et l’abat : assommé ; d’autre part, Asshâni voit qu’Aoyuntaï a les crocs sortis, et est en panique totale, terrifié par le feu, mais aussi blanc, sans sang dans son corps.
Asshâni calme Aoyuntaï, par la parole, et attend un peu avant de finir de le monter sur le plateau rocheux.
Comme je reviens avec Mooz inanimé dans les bras, Aoyuntaï repart en frénésie au vu du sang : « Oh, zut, il va boire le pauvre prêtre ! ». Voilà, bon débarras, la crevure de Marchand d’Âmes vient de perdre la sienne au bout d’une dent de Gangrel…
Pendant que l’on se remet, Mooz est dépouillé de ses effets, et son corps balancé dans la lave, comme les cadavres des chiens tout à l’heure.
C’est avec un prisonnier en moins, Asshâni & Kallicé plus affamés, et un Aoyuntaï totalement abattu et sans aucun espoir, que nous repartons.
Arrivés au pied de la muraille, nous jetons des regards vers cette ville terrifiante, dans laquelle Asshâni s’aventure, dissimulé. Nous ne pourrons pas faire grand chose pour l’aider… mais il s’en sort parfaitement, et parcourt les rues de cette ville, bien plus grande encore que Babylone.
Trois types d’êtres : des géants (les Gangregardes) qui servent de porteurs, de gardes, et qui mesurent des mètres et des mètres… puis – dix fois moins –, des démons et démones (les Archi-Démons) ailés, avec des sabots, de 3m50, et, enfin, encore dix fois moins : les succubes, et incubes. Qui vivent au centre.
Il revient nous raconter cela…
Mais nous avons filé !
En effet, nous avons vus que les murs sont totalement recouverts de sang séché… et Aoyuntaï a vu qu’il s’agissait de sang de Vampire.
Donc, peu de chance que l’on soit bien accueillis !
Nous nous cachons derrière un monticule, en dissimulant nos traces, et nous faisons signe à Asshâni.
Que faire ? Retourner à l’Arche qui sert à rien… aller ailleurs, sans trop d’idée de trouver mieux… où… ?
Kallicé prend le sang de chien infernal récolté par Aoyuntaï, et le goûte, et l’ausculte, le comparant à notre sang vampirique, et à celui sur les murs… oui, c’est du sang de Vampire, du moins, notre sang, celui des chiens, et celui des murs a la même base !
Donc, nous, les Vampires, avons le même sang que les Démons ?
En tout cas, Asshâni s’aventure, pour voir comment réagit un des gros démons isolés en lui voyant… ? Aucune réaction. Asshâni réussit à lui intimer l’ordre de le mener à son chef. Mais, voyant que personne ne réagit à la vue d’Asshâni, aucun démon ne se retourne sur lui… il vient nous chercher.
Le Gangregarde, qui s’appelle Oktor, nous mène jusqu’à une demeure – éclairée par de la lave domestiquée par magie ! –, celle de la Baronne Arkania, une Archi-Démon ailée.
Nous réussissons à communiquer un peu avec elle, même si elle ne s’intéresse pas trop à nous, et je lui fais signe qu’il faudrait nourrir Aoyuntaï – NON ! Pas nous manger, nous donner à manger ! –, car, au vu des dents de la démone, elle doit aimer le sang comme nous.
Oktor rapporte un petit diablotin dans une belle cage, et fait signe de le boire.
Aoyuntaï, qui tient à peine debout, se prend un coup de queue du diablotin, et manque de tomber en torpeur devant nous !
Oktor agrippe le petit diable avec son immense pogne, lui broyant tous les eaux, et Aoyuntaï le vide de son sang… puis nous en faisons venir d’autres – et Oktor en apporte une dizaine ! C’est incroyable, c’est comme boire du sang de Vampire, fort, puissant, jouissif…
Ainsi, nous sommes tous repus, même après commencé à dépenser le sang nécessaire à la guérison des blessures aggravées, et avons même recouvré un peu de cette Volonté perdue dans la longue marche à travers la plaine infernale.
Maintenant, nous allons découvrir s’il existe un moyen de repartir dans notre monde, et apprendre si nos origines sont là, dans ce monde où les démons habitent dans de telles immenses villes et se font la guerre !