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Résumé de partie - Journal intime
Secrets d’une nuit troyenne
Journal d’Iridha - partie du 25/01/2010
mardi 2 février 2010, par
Troie. Derrière les remparts de la ville assiégée, d’autres fils se nouent, loin des considérations des simples mortels...
Le siège dure depuis des semaines. Nous avons beau essayer d’établir un blocus sur Troie, il est toujours certains convois qui parviennent à passer entre nos mailles. Mais les choses semblent s’accélérer. Ulysse nous a annoncé que lui et Ménélas, notre roi, avaient obtenu pourparlers en la cité troyenne. Nul doute que si le roi Priam a accepté de négocier, c’est qu’il sent que la situation est perdue et qu’il ne pourra protéger son traître de second fils, le déshonoré Pâris, plus longtemps. Sparte et l’alliance de toute la Grèce, qui n’a pas perdu le sens du mot honneur, vaincront.
Ulysse est venu me trouver. J’ai été choisi pour avoir la chance d’escorter notre roi et Ulysse, lui-même, roi d’Ithaque. J’ai aussitôt accepté avec joie et honneur. Comme tous ceux qui ont été choisi d’ailleurs. Il n’y a guère qu’Arthuros pour avoir hésité. Lui et son côté solitaire exacerbé. Pas étonnant qu’il n’ait jamais été officier malgré ses qualités de guerrier.
Nous traversons la ville et je comprends un peu mieux la ferveur des Troyens à ne rien lâcher. Leur cité est sans conteste l’une des plus grandes et les plus belles de notre monde. La foule nous regarde à la fois curieuse et méfiante. La tension est palpable. Arthuros bombe le torse et parvient à impressionner les citoyens troyens. Asocial, oui, mais efficace dans son rôle de garde d’élite. Les autres soldats et moi l’imitons aussitôt et montrons à nos ennemis à qui ils ont affaire. Ulysse et notre roi n’auront que fierté à retenir de nous.
Les négociations commencent de façon bien soporifiques pour nous autre soldats. En tout cas jusqu’au moment où une des serveuses s’approche de nous. Zeus me foudroie si j’ai jamais vu pareil beauté ! Et c’est qu’en plus son sourire nous inviterait presque à oser tenter quelque chose. Mais Arthuros me jette aussitôt un regard noir. Décidément, aussi froid que la terre battue de nos geôles, le bougre. Mais il a raison. Nous sommes ici pour escorter et être digne de notre Roi, pas pour nous amuser. D’ailleurs je remarque qu’il est tendu mon ami. La main sur la garde de son glaive, il semble scruter les ombres comme si quelque fantôme s’y cachait.
Les négociations dégénèrent et Hector, le fils aîné de Priam part en claquant la porte. Un fort caractère mais un guerrier impressionant, je dois reconnaître. Ah si les deux fils de Priam avaient été de la même trempe que celui-ci, la Guerre de Troie n’aurait jamais eu lieu ! Quelques minutes plus tard, Menelas se lève et menace notre hôte de lancer un assaut monumental sur la ville. Ulysse, chef de guerre reconnu, ne masque pas son scepticisme et je serais prêt à abonder dans son sens. Nous avons beau être 5 à 6 fois plus nombreux que les assiégés, leurs fortifications sont solides et bien défendues. Mais Menelas a raison, Priam est par bien trop dédaigneux et les Dieux nous sont témoins que l’honneur est pour nous.
Notre délégation redescend vers les portes de la ville, telle un long serpent sinueux, bordés que nous sommes par les torches des soldats troyens qui nous escortent. D’un coup, sans que je ne sache pourquoi, Arthuros, lui d’ordinaire si discipliné et mettant le devoir avant tout, rompt les rangs. Les soldats troyens les plus proches sont aussi surpris que moi-même et avant qu’ils n’aient temps de réagir déjà notre compagnon court à travers la ruelle sinueuse. En quelques secondes il disparaît de notre champ de vision. Le regard accusateur des soldats troyens semble indiquer qu’eux aussi ont perdu sa trace. Qu’ils n’essaient pas de nous donner quelque leçon de morale. Depuis l’enlèvement de la belle Hélène, notre future reine, par Pâris, le mot honneur n’est plus du vocabulaire troyen !
Rude soirée. Les réserves de la ville ont beau s’être raréfiées, Odenas a toujours de quoi nous enivrer dans sa réserve secrète. D’ailleurs j’admets volontiers avoir par trop abuser de ses dernières amphores de vin.
D’ailleurs, j’ose à peine avouer les hallucinations que ce vin m’a fait voir. Je rentrais voir ma mie quand j’ai aperçu deux silhouettes se battre sur les toits. Aucune arme mais une puissance digne des dieux. Que ce soit l’un projetant son adversaire se fracasser contre une cheminée plus d’une dizaine de mètres plus loin ou l’autre arracher une poutre plus large que la bedaine d’Odenas lui-même et s’en servir comme s’il s’agissait d’une simple dague !
Puis, bondissant de toit en toit une troisième silhouette est apparue. Une silhouette en arme. J’aurais même juré qu’il s’agissait d’un des soldats assaillants. Un Spartiate, même.
La silhouette s’est de suite penchée sur un corps richement vêtu, affalé sur le toit et que je n’avais pas vu avant. Mais ça n’aura pas duré longtemps : à peine se relevait-elle qu’un des deux dieux combattants, victorieux, s’approcha d’elle. Une silhouette horrible et répugnante de laideur. Tellement horrible que le soldat en tomba inconscient.
Je n’ai pas demandé mon reste. De peur de me faire repérer à mon tour, je me suis éclipsé discrètement à travers les ruelles. Mais ce visage monstrueux, que je n’ai fait qu’entrevoir à la lumière blafarde de la lune... son souvenir me hantera jusqu’à ma mort ! Comment un dieu peut-il être aussi laid ? Était-ce Héphaïstos, le difforme mari de la divine Aphrodite ?
Encore une rude journée écrasée de soleil qui s’annonce. Comme à mon habitude depuis le début du siège, dès avant l’aube je me lève pour aller puiser de l’eau pour la famille à leur lever. À peine arrivée à la place centrale que j’aperçois un étrange soldat. Pas un troyen, pour sûr. Un assaillant ? Son casque et son bouclier m’évoquent quelque chose... Un spartiate. Par Zeus, comment est-ce possible ? Mon courage a ses limite face à ces brutes et je me dissimule aussitôt derrière l’échoppe du potier.
Le soldat semble un peu perdu, mal à l’aise... mais je ne peux me convaincre à quitter ma cache pour avertir la milice. Je le vois plonger prestement dans l’une des habitations. Il en ressort quelques instants plus tard dans des vêtements civils. De nouveau, il hésite. Quand, d’un coup, il bondit sur le toit d’une échoppe. Je ne sais comment il a réussi à grimper aussi vite. C’est comme si à un instant il était à même le sol et l’instant suivant il était sur le toit quelques mètres plus haut.
La douceur de l’aube annonce les rayons prochain d’un chaleureux soleil. De nouveau le soldat musculeux semble hésiter sur la démarche à tenir. Inquiet, presque ? J’espère qu’il ne m’a pas vu. À une vitesse incroyable, il redescend du toit et replonge dans la maison.
À ce moment j’ai juste assez de courage pour m’éloigner loin de cet étrange guerrier avant qu’il ne ressorte et ne m’aperçoive.
Qui était-il ? Serait-ce la vision fugitive d’Hermès, le messager des dieux, venu observer les tractions que les rois de Grèce et de Troie ont organisées hier ? Il était si rapide !
Encore une nuit où je me prends à compter les torches qui brûlent le long des remparts histoire de tromper l’ennui. Il faut dire que rares sont les visites dans la tour d’Homère. Et Hariclès, mon compagnon de garde, n’est pas des plus loquaces. Je crois que sa mère l’ai fait tomber du berceau quand il était nourrisson.
Mais une visite vient tromper l’ennui. Un civil, au visage étrange. Un instant j’ai même cru à un des grecs assiégeants. Un costaud en tout cas. Clair qu’il a plus une carrure de soldat que de potier. Même que s’il avait été en arme et en armure il aurait pu nous donner de la peine à repousser eut-il voulu passer de force. Mais l’homme a plus l’air d’un benêt qu’autre chose.
« Bonsoir, je voudrais rentrer dans cette tour, qu’il nous dit.
- Le mot de passe ? Je lui réponds aussitôt », même si sa première phrase prouve déjà qu’il ne peut le connaître...
Et évidemment il ne le connaît pas.
« J’ai suivi quelqu’un qui portait Ulysse jusqu’ici et je dois l’arrêter ! essaie-t-il de nous embrouiller.
- Pas de mot de passe, pas d’entrée ! »
Ulysse ? Et puis pourquoi pas Achille aussi !? Je me disais bien qu’il avait pas l’air très net ce gars. D’ailleurs l’espace d’un instant j’ai cru qu’il allait tenter de forcer le passage et je raffermis ma prise sur ma lance. Ça a suffi, apparemment, à modérer ses ardeurs. Ouf, il lui reste quand même un brun de jugeote, à ce métèque...
Cela dit, sans l’arrivée de l’un des Seigneurs de la cité, je me demande comment ça se serait fini. Le jeune noble, grand sourire, l’aborde comme s’il s’agissait d’un ami. Ce pèquenot. Je comprendrais jamais leur façon de faire. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Il a quoi pour lui, ce civil un peu demeuré ?
Iridha, journal personnel – Jour 1 de ma renaissance
Après une nuit inoubliable et une journée incroyable à découvrir le monde comme je n’osais à peine le voir, Kyros m’a proposé de l’accompagner dans un lieu où nous, bénis des dieux, aimons à nous retrouver. Je vêtis mes plus beaux atours. Un regard dans le miroir suffit à me prouver que Hélène elle-même, dont la beauté a causé tant de mal à notre cité, se rongerait les ongles de jalousie en me voyant.
En chemin, mon amant et mentor m’explique quelques principes à retenir. Je suis loin de tout savoir mais il semble confiant. « Tu t’en sortiras très bien ! » me répète-t-il.
Devant l’entrée, le vigile, énorme boule de chair ventripotente me toise de haut en bas comme pour jauger si je suis oui ou non la bienvenue ici. Un simple signe de tête indique qu’il est satisfait et Kyros m’invite à le précéder à l’intérieur. J’entre dans la taverne en sous-sol et joue aussitôt de ma présence pour que l’ensemble de la petite assemblée se tourne vers moi. Mon entrée réussie, je salue humblement. Chacun aura ainsi remarqué ma prestance, inutile d’en rajouter... pour le moment. Ce soir, je suis ici pour apprendre et observer.
Et c’est ce que je fais lorsque je contemple un autre « jeune » élu qui semble lui-aussi peu au fait des us et coutumes de notre caste secrète et divine.
Mon regard parcourt la salle et je repère celui qui semble être le maître des lieux. Bourgeois aisé et légèrement rondelet bien que très élégant, il est entouré d’une petite cour. À mon tour je m’approche.
Mon premier pas dans notre communauté. Les premiers mots seront cruciaux. Paraître à l’aise et sûre de soit mais sans être dans l’excès. Se distinguer sans donner l’ombre d’une mauvais impression...
Conteur : Benoît
PJ :
- Arthuros (tutu)
- ÎŠÏ Î¹Î´Î± (giom)