la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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[Fils des Siècles]

Une rencontre

L’histoire d’Iris, avant sa renaissance

vendredi 6 août 2010, par GIOM

Une nuit à Troie... une "première" rencontre...

Sous la lueur d’un croissant de lune blafard se dessinent des rues désertes. Et le couvre-feu imposé par le vieux Priam n’y est pas pour grand chose. Depuis déjà quatre ans que dure le second siège de la cité, même les rats se fond rares dans les rues. Les vivres avaient été stockées en nombre dans les greniers du palais mais si les achéens ne parviennent pas à infliger un blocus parfaitement imperméable, le ravitaillement devient cependant chaque nuit un peu plus difficile...

Une fois n’est pas coutume, je traverse les quartiers nord de la ville pour me rendre à la Taverne de la Lune. Cela fait quelques semaines que je ne m’y suis pas rendu et si le Prince-Dieu Eryx a ses propres informateurs au palais, sûrement appréciera-t-il les dernières nouvelles que lui apporte un Elu.

La fontaine de Poséidon, devant le temple du même nom. Je m’y arrête, espérant contempler mon visage. Magnifique, splendide, les adjectifs ne manquaient pas lorsqu’un mortel venait à me décrire. Mais alors que la silhouette de la lune se reflétait à merveille, l’image de mon visage n’était qu’une masse indistincte, à peine visible. J’aimerais tant un jour pouvoir contempler les traits fins du visage d’homme qui plaît à tant de mortelles.

Étais-je perdu dans mes pensées pour me faire surprendre ainsi ? Mais une gamine d’à peine douze ans vient à se jeter sur moi pour se saisir de ma bourse dans laquelle je garde mes objets précieux pour négoce. Par réflexe, mon bras se saisit du sien, plus vite que ses yeux ne pourront jamais suivre le mouvement. La fille se débat mais ne crie pas. Saisie de peur ou d’un excès de témérité ?
Je la soulève à moi sans peine. Ses pieds décollent du sol. Elle a cessé de se débattre et me regarde fixement, droit dans les yeux. Je me rends compte qu’elle m’observe autant que je l’observe.
Sous une épaisseur de crasse indéfinissable se dissimule un regard angélique et superbe. Sans que je me l’explique, cette petite a quelque chose d’attirant. J’ai pourtant bu ce soir mais l’envie me prend de goûter à ce petit « dessert ».
Vu son âge et sa maigreur, la moindre morsure pourrait lui être fatale mais...

La rue est toujours déserte et je connais une bâtisse abandonnée un peu plus loin. Je porte la gamine jusque là. Elle se laisse faire, comme une souris prise dans la gueule d’un python et qui sait que son sort est joué... ou comme si elle avait confiance.

Je goûte avec extase ce cru adorable mais prend garde de m’arrêter très vite. La petite est inconsciente mais son pouls bat encore, à la différence du mien, depuis des années. La voir ainsi, seule, le visage adorable étendue sur le sol, me rappelle cruellement que moi aussi je suis seul...
Je repousse les idées immorales qui me viennent et me décide à partir.

-Vous êtes beau.

Je me retourne, comme foudroyé. La petite s’est réveillée. Déjà ! Comment est-ce possible ? Vu son état je pensais qu’il lui aurait fallu au moins toute la nuit pour se réveiller ! C’est alors qu’au plus profond de moi mon instinct me dicte de penser à trouver un abri. Déjà ? La nuit serait-elle déjà à sa fin ? Je me rends compte que j’ai passé des heures et non quelques minutes à contempler son doux visage. Je dois partir. Me dépêcher de rentrer dans ma chambre au palais.

La gamine me regarde et sans que je n’ai le temps d’y réfléchir, je lui laisse ma bourse avant de partir. Je lui dois bien ça.

Ma célérité suffit tout juste à me faire arriver au palais à temps. Les premiers rayons du soleil se lèvent déjà alors que je rase les murs pour arriver dans mes appartements.
Je m’affale sur le lit et tombe de sommeil.
Une nuit qui restera gravée dans ma mémoire.