la guilde d’Altaride

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Lieux insolites

Les Chutes du Démon

dimanche 13 mars 2005, par Benoît

Une page de l’Encyclopædia qui dévoile un pan du secret qui plane sur les sombres pics du massif montagneux au coeur du royaume de Nordlande. Cette légende racontée par un érudit est à l’image de nombre de contes hivernaux : inquiétants, énigmatiques. La légende du village des Chutes du Démon n’est pas très connue, ni même importante sur Altaride. Mais elle est représentative de la profondeur des mythes ancestraux des races humanoïdes d’Altaride. Elle est d’autre part exploitable dans le cadre des aventures La Caverne de Mortak et Lestar, les deux premiers scénarios de la Campagne de la Cassette de Cractônn, dans le Cycle du korlak.

Dans le lointain royaume de Nordlande, au milieu du gigantesque massif montagneux du continent nordique, le voyageur courageux peut marcher depuis Lestar, capitale du glorieux korlack du Wulfar vers le nord, en longeant la Ralisse, un long fleuve serpentant dans les montagnes. La route est rude, surtout en hiver, quand les rives du fleuve sont gelées. Pourtant, cette route, moults aventuriers l’ont empruntée. Les anciens nous content qu’autrefois, elle reliant le petit village de Pidruid, perdu dans les montagnes, au reste du monde. Mais bien des années ont passé depuis le passage des démons, et personne n’a plus entendu parler des habitants de ce village.

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La légende des démons date du milieu des années 800 A.S. Peu de gens sont encore capable de la raconter, et seul la cascade qui les a vus passer a conservé dans son nom une trace de leur présence. Autrefois, une petite colonie de pêcheurs habitait au pied des chutes, qu’on appelait en ce temps-là la Cascade de Glace, car elle était gelée plusieurs mois par an.

Ces braves gens vivaient sans souci du fruit de leur pêche et d’un peu de commerce avec les marchands de la capitale et parfois de Pidruid. Une nuit, maudite entre toutes, durant un hiver effroyable et au milieu d’une tempête plus effroyable encore, les pêcheurs furent réveillés et saisis d’épouvante par un hurlement inhumain résonnant en écho dans les montagnes.

Après de longues minutes, le hurlement se fit moins fort, et s’estompa bientôt, étouffé par le souffle de la tempête. Le lendemain, le conseil du village se réunit pour parler de l’événement. La séance fut houleuse, et pour la première fois depuis de nombreuses années, les anciens ne parvenaient pas à se mettre d’accord. Pour certains, ce hurlement démoniaque était de très mauvaise augure ; il fallait en informer Lestar au plus vite et organiser une battue dans la montagne pour abattre la bête qui avait hurlé et qui était sans doute très dangereuse. Pour d’autres, plus sceptiques, ce n’était que le bruit du vent soufflant entre deux rochers ou bien le cri d’un loup...

Ces derniers furent si convaincants que les premiers finirent par se ranger à leur avis. Et puis, il est toujours plus agréable de se persuader que tout va bien, malgré les apparences.

Mais cette fois-ci, les apparence ne furent pas trompeuses. La nuit suivante, le même son innommable reprit, auquel répondait un autre, puis un autre... la montagne semblait soudain crier son agonie. Terrifiés, les pêcheurs sortirent dehors et aperçurent alors en haut de la grande cascade, deux cents mètres au-dessus d’eux, des lueurs rougeoyantes qui se balançaient sur un fond de ciel noir comme les ténèbres. La panique commençait à envahir les habitait lorsque soudain lumières et cris disparurent dans la nuit. Seul le bruit des chutes troublait encore le silence nocturne.

Le lendemain, les villageois, inquiets, élevèrent une palissade de bois autour de la colonie. Mais une fois de plus, la nuit venue, les bruits venus de l’enfer troublèrent le sommeil des pêcheurs. Cette fois, les cris venaient de derrière la palissade, sur laquelle des créatures monstrueuses s’acharnaient.

Les rares témoignages divergent sur la description des créatures, bien que tous s’accordent à dire qu’elles étaient bien plus grandes qu’un homme, velues et pourvues de cornes rouges. Leur tête était celle d’un loup bavant de rage et aux dents d’une longueur démesurée.

Leurs griffes acérées ne mirent pas longtemps à venir à bout de la palissade et ils se ruèrent sur les villageois qui s’étaient armés de pieux, de tridents et de lances pour tenter de les repousser. Les survivants à ce qui allait être un carnage racontent que les démons n’ont tué que les gens armés, et enlevé les autres habitants pour les emporter dans les montagnes. Jamais plus on ne les a revus. Ceux qui parvinrent à échapper aux monstres se réfugièrent dans la steppe, et virent alors le ciel s’embraser au-dessus des montagnes vers le Nord. La lumière était si forte que malgré la nuit, ils durent baisser les yeux pour éviter d’être aveuglés.

Un vieillard aveugle vivant dans Lestar raconte à qui veut bien l’entendre qu’il doit sa cécité à avoir regardé le ciel en face cette nuit là. Au milieu de la lumière plus puissante que celle du soleil, il aurait vu une forme noire semblable à un fauve plonger du ciel vers les montagnes du Nord, où se déclencha une avalanche dévastatrice. Le vieil elfe est persuadé que les habitants du village de Pidruid ont signé un pacte avec les forces démoniaques, qui ont envoyé leurs émissaires punir les curieux du village de la cascade.

Nalinihr, le vénérable sage de Lestar mort en l’an 900 A.S. expliqua ce phénomène comme la venue d’un Dieu, ainsi qu’on en voit parfois dans les pays du Sud. Mais ce dieu doit être néfaste s’il a décimé le village des pêcheurs, et nous devons donc prier pour qu’il ne descende pas de la montagne au-delà de ce qu’on appellera désormais les Chutes du Démon. Si cela arrivait, le malheur s’abattrait sur le royaume... ces sages paroles furent écoutées durant toute la vie du mage, mais sombrèrent rapidement dans l’oubli après sa mort...