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Campagne Ars Magica - Nantes
L’Héritage d’Ogmios et Domona
extrait des mémoires d’Ailin Doublevue – Tome III - « Découvertes »
lundi 13 octobre 2014, par
La Roue du Temps tourne et s’applique à entraîner dans son sillage sa logique. C’est ainsi qu’alors qu’Aodren et moi n’avions pas participé à la première expédition vers Gouarec, nous nous trouvâmes présent sur cette petite colline surplombant le petit village de pèlerinage.
Il faisait nuit noire. Nous explorions les alentours de la ville et observions plus particulièrement la grande masure qui avait été repérée comme le lieu d’habitats de templiers dans la région.
Ce fut alors que la Roue du Temps s’accéléra, sans que j’en maitrisai le comment, Xzyl et Ogier se trouvèrent maille à partir avec les templiers. Toute discrétion était caduque et déjà tombée au sol enneigé de l’hiver. Ogier, ne maîtrisant plus son statut, se trouva attaquant l’un des templiers et sa monture.
Xzyl, réactif, rétablit en instant le calme, en plongeant les lieux sous une chape de sommeil.
Nous ligotâmes nos trois prisonniers : un sergent et deux hommes d’arme et entreprirent d’inspecter les lieux. C’est dans la cave qui servait d’entrepôt que nous découvrîmes in fine une porte taillée à même le roc, à peine perceptible.
Un sort de Muto Terram en spontané permit de l’ouvrir. Xzyl s’exécuta. La seconde était de feu. Les portes s’enchaînaient-elles ? Il avait le sentiment d’être déjà venu. Peu surprenant, finalement. Je L’invitai à explorer les lieux. Et Il m’apprit qu’après la porte de feu, un grand hall avec un cheval en mosaïque nous attendait. Ceci n’était que le hall d’accueil probablement.
Chaque porte apporterait son épreuve et la fatigue qui irait avec. Fatigue, ennemi premier du mage.
Epuisés et blessés, nous préférâmes rebrousser chemin et revenir une fois reposés. Pour optimiser nos chances, Ogier se chargea de trotter jusqu’à l’alliance pour ramener vivres et renforts.
Pendant ces quelques jours, mes perceptions se noyèrent en songes. Une grande femme qui me parlait avec déférence. Dans les nuages, voyageant par mont, par vaux. Un grand manteau de fourrure. Un gros marteau, outil pour construire ou arme pour détruire… et un arc.
Xzyl interrogea un cadavre décomposé : il était un ancien serviteur de l’alliance, un bûcheron.
Il évoqua une déesse, Damona, qui vivait dans le plus grand arbre où l’éclair avait frappé. C’était la déesse des sources et des rivières. Le mort se revit en train de prier. La déesse était dans son vase.
Quelques jours plus tard, Ogier était de retour avec Pavel et Perkrax. Ulfius, non encore remis de sa mésaventure et bien décidé à tenir son vœu de protéger l’Alliance et Ogier, était resté sur place. Tour de garde fière et solide de nos trop faibles défenses.
Nous reprîmes donc notre exploration. Succession de portes. Aodren finit par assumer qui il était et étudia les portes. Il parvint in fine à en comprendre les mécanismes que seul un Diedne pouvait en effet comprendre. Notre exploration en fut grandement facilitée et nous évita une fatigue accrue.
Le hall d’accueil se révéla, comme annoncé, être une grande pièce circulaire ornée d’une superbe mosaïque : le « cheval sacré ». Le hall et sa mosaïque étaient éclairés par une demi coupole plusieurs mètres au-dessus de nous, plongeant les lieux dans une lumière chaleureuse.
Nous décidâmes de commencer l’exploration par la droite de ce qui devait s’avérer une alliance construite en cercle. Porte Auram. Porte Ignem.
Un grand arbre et de jolies plantes, pleines de vie, pour nous accueillir dans un nouveau hall empreint de calme et sérénité.
Xzyl entama conversation avec l’arbre, tandis que nous ouvrîmes la porte à gauche qui abritait autrefois la bibliothèque. Calme et sérénité n’avaient pas toujours régné en ces lieux. L’arbre confirma, si besoin, que l’endroit avait été saccagé, les livres entassés et brûlés. Sombre témoignage de la terrible guerre du schisme.
De l’autre côté, face à la bibliothèque, une alcôve avec un réceptacle. Xzyl mit de l’eau et je décidai de prier la déesse des lieux accompagné par Ogier. J’entendis une voix masculine qui me demanda d’aller chercher la déesse Damona qui avait été enlevée.
L’arbre décrivit la statue : la statue de Sainte Gwen... volée par les templiers et conservée en la Commanderie de la Madeleine.
Xzyl nous apprit également, via l’arbre, que l’alliance abritait autrefois cinq mages.
La poursuite de notre exploration nous conduisit à un nouveau hall meublé d’une grande table ronde avec quatre chaises.
Ogier, resté en arrière se mit à hurler. Nous le vîmes, terrorisé, persuadé d’être suivi. Il nous expliqua même entendre une petite ritournelle étrange, comme une chansonnette d’enfant. Mais rien. Perkrax illumina tout l’immense couloir d’une lumière ardente mais nous ne découvrîmes rien. Rien, si ce n’était une porte Terram dissimulée dans le couloir.
L’ouvrir se fit aisément pour Aodren. Une nouvelle coursive, taillée dans le roc, nous mena vers ce qui semblait être le cœur géographique et le centre de pouvoir de l’Alliance.
Quatre chambres entouraient un immense dôme translucide. Les chambres étaient ouvertes avec chacune un symbole : Ignem, Terram, Auram, Aquam.
Le dôme résonnait d’une aura magique forte. Aucun de nous, pas même Aodren, n’étions en capacité d’ouvrir ce dôme. Aucun de nos sorts ne passaient de l’autre côté.
Cependant, nous pouvions observer l’intérieur. Au milieu un livre trônait sur un chevalet. Trésor et gardien des lieux.
A l’extérieur du dôme, des peintures ornaient les parois. J’y reconnus la femme et l’homme avec la peau de lion et la masse dont j’avais rêvés quelques jours ou quelques heures plus tôt.
La déesse de la fertilité était souvent associée à un dieu guerrier, Ogmios. A l’époque, d’ailleurs, Amalrik cherchait l’arc d’Ogmios. Preuve de plus que nos différents chemins n’avaient pas convergé par hasard.
Une analyse approfondie nous révéla que le dôme central était construit avec un sort d’une puissance élevé alliant Muto, Rego, Auram, Ignem, Aquam, Terram, Animal et Herbam.
Notre magie était trop limitée mais Xzyl tenta autre chose. Avec la magie qui lui était propre, non hermétique, il créa un tentacule d’ombre à l’intérieur du dôme. Cela lui permit d’atteindre et rapprocher le livre du bord du dôme.
Nous pûmes alors en lire la couverture : DagDaël
Dagdaël. Le nom n’était pas sans nous évoquer d’autres éléments. Le Dagda était un chaudron qui servait à ressusciter les morts selon certaines légendes.
Nous ne pûmes aller plus loin. Il nous faudrait a minima retrouver la statue de Ste Gwenn mais aussi, probablement, la clé des lieux, la vasque, ou d’autres objets pillés par les templiers ou d’autres avant eux.
Avant de quitter ces lieux et les laisser à leur sérénité, Xzyl échangea de nouveau avec l’arbre. Il obtint ainsi le nom des mages de l’Alliance : Ogmadan, Belenoslug, Manannan, Llyrdim et Dagdaël.
L’arbre nous considérait en effet comme des alliés du fait que nous venions de l’alliance du chêne sacré. Nous nous posions d’ailleurs déjà, à l’époque, de savoir si cette Alliance n’était pas, autrefois, une Alliance Diedne. Ou, plus probable encore, la seule Alliance « mixte » ou Diedne et non Diedne cohabitaient en bonne entente…
Les noms des mages de cette Alliance n’étaient pas sans m’évoquer des souvenirs. C’étaient des noms de mages de Diedne cités dans le livre de Trashnor.
Et en particulier, Dagdaël aurait été, selon Trashnor, un de ceux qui « comme un gros lâche » refusèrent de se battre contre l’Ordre d’Hermès.
Notre exploration, faute d’avoir les éléments pour atteindre le centre, touchait donc à sa fin. Restait l’épineux problème des templiers laissés à l’extérieur.
Sans solution, le problème se transforma en une curée. Ogier tentait de nous convaincre que seule une solution expéditive pouvait nous être salutaire. Pavel et Perkrax étaient plutôt de cet avis. Et les templiers leur donnèrent raison. Le sergent se jeta sur notre Perkrax, se saisit de sa propre dague et la lui enfonça dans le ventre.
Perkrax répondit par un déluge de feu.
Xzyl se chargea d’achever chacun des blessés.
Tout était allé très vite. Sur l’instant je vis Perkrax en victime, baignant dans son sang, mais les jours qui suivirent ne purent que me faire douter. Avec un certain cynisme on pouvait même se demander si Perkrax ne portait pas une dague pour ce genre de situation et légitimer ses choix…
Mais en moi-même ces réflexions n’étaient-elles pas pour légitimer moi-même la méfiance que j’avais en ce mage.
Depuis que le Tytalus nous avait rejoints, les dilemmes étaient plus nombreux. Mais à bien y réfléchir, ils n’étaient pas tous de son fait, loin de là. Et sa présence nous ouvrait souvent les yeux sur la réalité du monde…
Ainsi se soldaient la deuxième et troisième phase de l’expédition à l’alliance du Cheval Sacré. Nous savions déjà que nous serions amenés à y revenir… mais pas après quelles autres épreuves.