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Campagne Ars Magica - Nantes

Songes et réalités

extrait des mémoires d’Ailin Doublevue – Tome III - « Découvertes »

vendredi 1er novembre 2013, par GIOM

Qu’est-ce que le Destin ? Notre route est-elle tracée ? C’est par des questions que ma pensées trouvait à se mettre en place.
Ce voyage, bien plus long que prévu, fut extrêmement riche en réponses mais aussi en questions.

Qui sommes-nous ? Tout homme, même le plus simple « vulgaire » (pour reprendre ce terme consacré) s’est déjà posé cette question. Je ne faisais pas exception. Et les découvertes dans les restes de l’Alliance de l’Hyppocampe avaient accentué ce questionnement.
Je devais donc me chercher.

Les travaux à effectuer pour l’alliance sur l’ouvrage de Craneval étaient terminés. Ulfius était de confiance et s’il n’avait le titre de Membre Emérite, il avait été un des quatre. De cela, j’en étais déjà sûr...
Je lui confiai donc la gérance de notre humble petite communauté et partis.
Vers le nord. Je savais où j’allais à défaut de savoir ce que j’y trouverais et jusqu’où j’irais.

Je profitai du voyage pour échanger avec les quelques érudits de mes amis. Rien de notable, si ce n’est le plaisir des mots et leur convivialité.

Et il fut temps. Mes connaissances du féerique sont loin d’égaler celles du domaine magique mais je parvenais cependant à appréhender les différentes étapes, sans, loin de là, les maîtriser. Plus par ce que je suis que par ce que j’avais appris, d’ailleurs.
Elle m’accueillit en personne, au milieu de sa cour. Un banquet. Poissons aux chairs violettes sur un lit de carotte, algues mordorées, breuvages au reflets d’argent. Je fus un hôte d’honneur durant toute la durée de mon séjour...

« Je partirai quand le temps sera venu et compterai les jours pour garder une notion de réalité extérieur ». Étais-je si naïf en arrivant ?
Le temps est tout relatif.
La réalité même est toute relative. Il faut donc essayer d’objectiver, savoir ne pas prendre pour LA vérité, UNE vérité.

Ou, comme l’évoqua le lapin :
« Le temps, le temps, il faut bien se rendre compte que cela ne veut pas dire grand chose. Comment il s’écoule, à droite, à gauche lentement, vite, le temps est comme un grand fleuve. En même temps, sur ce grand fleuve, on peut être et avoir été, on peut vouloir et ne pas avoir. Par exemple rêver et ne pas être dans son rêve. Notre rêve fait-il partie de notre temporalité ou se situe-t-il dans une autre ? Ce que je suis au milieu du fleuve-temps ne présage pas de ce que je serai demain.
Une autre définition de la vie doit-être donné quand on intègre le temps, lié l’être à la temporalité.
Mais attention de pas se focaliser sur le temps ordinaire et l’être, cela est déjà patent dans la définition aristotélicienne classique puisque l’être découle du mouvement et celui-ci du temps.
Nous sommes ce que nous disons, parlons, faisons mais aussi tout ce que nous avons fait et avons dit et ce que nous ferons et dirons.
Il ne faut pas voir le temps comme un caractère absolue et universelle décoléré de l’être. L’essence de l’être et de la temporalité est l’Existence. »

Les images se mélangeaient, plus étranges les unes que les autres. Un paysage indéfini, des arbres et les araignées... et même Prunelie, assise à une petite table dressée sous les arbres, avec qui je partageai un « thé ».
Nous devisâmes du langage hermétique et de la magie féerique, d’initié et de sang elfe. Je pensai déjà, avant même d’en apprendre plus sur mon ami, que je devrais en parler avec Xzyl.
Entre deux Arbres, un escalier me mena à une forêt plus sombre, plus oppressante...

Un retour à une autre réalité puis un autre voyage.
Un paysage indéfini, des arbres et des pendus au bout de leur corde. Un lancinant balancé dont les cordes émettaient un doux crissement.
Un aboiement, une balle, un chien. Le chien qui rapportait inlassablement la balle, son museau humide, sa langue râpeuse. La balle ou un bras pas encore trop putréfié dans la gueule, sûrement comestible.

« La guerre, des morts, moisson d’esprit qui viennent échouer à ses portes. Seuls les plus vaillant se verront entrouvrir les portes et guider vers l’au-delà. »
« L’éradication d’une Maison ne marque-t-elle pas la fin d’une époque et le début d’une autre avec l’hégémonie du Divin ? »

Des visages, des hommes. Des guerriers mais pas tous, nobles ou féroces, tous avaient quelque chose d’indomptés, un surcroît d’orgueil qui les poussait à sortir du rang, à dépasser la norme grisâtre des pleutres...
Je reconnus le visage du Baron de Penthièvre, la main passa sur lui comme une caresse : Non, pas encore mais son tour viendrait bientôt. Un destin que je ne cherchai pas à stopper. Pas plus que je n’en parlai à Tibors. Qu’aurait apporté de positif cette information ? En quoi aurait-ce changé le destin de Tibors par exemple ?

Les Esprits sont partout et les dominer par les Mystères de la Magie théurgique ou spirituelle n’est pas chose aisée.
Un rire.
Une vague monstrueuse, un raz de marée hurlant. Une sensation déjà vécue. Un souvenir, le rêve d’un souvenir, une autre réalité...

Devrais-je choisir un chien pour familier ? Ou est-ce Lui, ce chien ? J’avais à l’époque encore beaucoup à apprendre et je ne me posais pas toujours les bonnes questions... Mais ai-je vraiment changé ?

Surgi d’un terrier, un lapin blanc avec un monocle, tenant une sorte de boîtier rond avec 2 aiguilles dessus. « Nous somme en retard, nous sommes en retard, venez vite, suivez moi... »

Si la nuit porte conseil, j’avais dû recevoir maints conseils et avoir gravi les longues montagnes enneigés du chemin de la sagesse.

Je n’avais plus la notion du temps. Ou du moins pas celle de ce que beaucoup considèrent celle de la la « réalité ». Combien de temps ai-je ainsi laissé mon esprit cheminer ? Plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois... plusieurs années ?
Mais étrangement, quand il fut temps, mon esprit se « réveilla » et était prêt à partir. J’avais beaucoup appris même si je n’en savais rien.

Mais je n’étais pas au bout de mon voyage.
La vie est faite de surprise et quand le Sandestin me demanda ma destination, les mots qui sortirent ne furent pas ceux auxquels je m’attendais... avec les conséquences que je connais aujourd’hui.
Je L’avais laissé loin derrière. J’avais laissé mes amis loin derrière.

Autour de moi s’étendait le "Bosquet des premières neiges"...