la guilde d’Altaride

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Poésie

Au Boulot !

Benoît

mardi 12 août 2008, par Benoît

Quand la brume se lève et le soleil aussi
Le travailleur émerge il se tire du lit
Les yeux dans le brouillard le regard incertain
Les pieds trébuchent et butent contre un sombre obstacle
Ah c’est pas mon matin il braille et il renâcle
La chambre est dans le noir il grommelle un putain
Venu des profondeurs avant d’aller pisser
Ce moment est crucial en agitant le pied
La douleur se calme le jet métaphysique
Tout de suite suivi d’un peu de gymnastique
Réveillent bien le corps décrassage intérieur
Avant de passer sous la douche salvatrice
Bouillante ou bien glaciale pluie libératrice
Le lavage au matin c’est vraiment le meilleur
La température c’est au choix de chacun
L’important c’est vraiment de se sentir bien
Un coup de serviette pour masser le dos
Deux coups de peigne contre les mèches rebelles
Trois coups de brosse à dents pour rendre les dents belles
Frottage en règle dans tous les sens et roglo
Chtou dans le lavabo hum souffle dans la main
Reniflage de l’haleine en salle de bain
Il est l’heure allez hop d’enfiler quelques fringues
Avant de filer zou en fonçant comme un dingue
Pas le temps de manger le travail n’attend pas
Ah si allez tant pis on travaille mieux
Avec l’estomac plein d’un bon pain mielleux
Enrichi d’un café onctueux fort et noir
Qui donne un coup de fouet une pique d’espoir
Un petit peu au moins de sa belle énergie
Qui donne le matin l’envie de voir la vie
De sourire un peu plus d’oublier ses bobos
Qu’on a mal au pied droit qu’il ne fait pas très beau
Le petit déjeuner l’ayant ragaillardi
Casquette sur le chef notre ami travailleur
S’en va d’un pas joyeux parce qu’on est lundi
Premier jour d’une semaine de labeur
Dans la rue les voitures les pare-chocs collés
Grognent et klaxonnent fort comme des musiciens
Essayant d’accorder le ton de leur engin
Au visage le sourire et en l’air le nez
Les yeux dans les nuages les cheveux aux vents
La ville est un courant d’air où file le temps
Il est l’heure il est tard zwip chacun se faufile
Ce sont tous des chauffards et ils sont au moins mille
Mais quand y faut y faut quelques esquives après
Le survivant regagne un havre de labeur
C’est alors que commence la danse acharnée
Des bonjours enchaînés sur le ton le meilleur
Il faut cacher la voix pâteuse et endormie
Typique du matin embrumée par la nuit
Tout le monde parle personne ne dit rien
Le rituel est fait au travail galériens
La routine patine engendre la migraine
On croit se réveiller mais on reste à la traîne
Courage les enfants le travailleur s’ébroue
À la tâche il se voue son pauvre cerveau bout
Mais quand dix heures viennent à la pause café
Collègues réunis pour boire et grignoter
Le regard dynamique ils plaisantent gaiement
Connaissez-vous l’histoire d’un fou qui repeint
Avec soin le plafond de son appartement
Debout sur son échelle et un autre fou vient
Une blague éculée et tout le monde rit
Il est temps de cesser le jour n’est pas fini
Bonjour messieurs-dames que puis-je pour vous
On reprend le train-train on reste au garde-à-vous
Glou voilà que midi n’est vraiment plus à l’heure
Les premiers gargouillis sont un avertisseur
Un petit bruit qui chante au fond de l’estomac
Le temps se ralentit c’est comme au cinéma
Quand le méchant s’énerve et le gentil aussi
À ce rythme on aura une journée sans fin
Le travailleur se sent comme un pauvre maudit
Un de ces malheureux contés par les Antiques
Qui poussent des cailloux qui tombent dans un trou
Ou qui se voient narguer par des mets à leur goût
Le supplice infini n’est pas systématique
Les dernières minutes sont parfois bien longues
Pourtant fatalement résonnera le gong
Qui marquera la fin de cette matinée
Et lui donnera les clefs de la liberté

Benoît, 2008.

Messages

  • he he sympathique bien que peut-etre un peu long.

    Par ctre niveau presentation, ecrire le texte de façon plus conventionnelle, avec sauts de ligne quand il faut, aurait peut-etre aidé à la lisibilité, non ? mon avis en tout cas.

    • L’arrière-plan des vers est lié à une contrainte technique sur ce site.

      En effet, la structure même d’un Spip considère qu’un retour à la ligne est un retour chariot et non une marque de fin de paragraphe. Et les retours chariot ne sont pas affichés dans les articles.

      Du coup pour marquer le retour à la ligne des vers, il aurait fallu sauter une ligne entre chaque vers. Et je ne souhaitais pas cet espacement pour les poésies du site, qui sont donc, peut-être à quelques exceptions près, toutes formatées dans des tableaux d’une seule colonne. C’est ce format « tableau » qui explique les lignes noires et les arrières-plans grisés clairs/foncés derrière nos vers.

      Je trouve ça moins gênant qu’un saut de ligne entre chaque vers.

    • Après coup, je me dis que tu faisais peut-être allusion au fait que le poème est monobloc, sans strophes.

      Cet aspect là est totalement volontaire, tout doit s’enchaîner sans interruption dans ce texte, cela rajoute du sens à la course vers l’avant narré dans les vers.