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Campagne Ars Magica - Nantes
Le Dernier Prêche
extrait des mémoires d’Ailin Doublevue – Tome II - « Fondations »
vendredi 14 octobre 2011, par
La plupart de mes sodales ont un mépris assumé pour les « vulgaires ». Pourtant nombre de ces vulgaires font souvent preuves de capacités étonnantes. Peut-être que la lecture de ce texte pourrait ouvrir ainsi certains yeux.
Mes confrères et moi-même avions investi le repère de notre ennemi : Eric de Malaeux, prêtre de la paroisse. L’inspection de ses effets nous montra ce que nous n’osions imaginer : le prêtre avait été pris sous son aile par Astinus. Il avait appris les voix magicanes. Mais l’ardeur de sa foi avait fini par s’opposer aux progression de sa connaissance. Son esprit s’était retrouvé tiraillé et persécuté, au point de perdre raison et sombrer dans la folie.
Les textes du prêtre confessaient le meurtre de la rebouteuse du village, puis d’Astinus. La folie l’avait aussi conduit à faire se relever les corps de morts pour terroriser la population et la faire se rapprocher de l’Eglise.
Plus pragmatiques, Aodren et Stanislas avaient découvert des documents administratifs, dont une lettre de jouissance des terres de Faye de Bretagne et alentours, donnée par l’abbaye de Redon au porteur.
Les Signes montraient que quatre créatures non-vivantes menaçaient toujours le village et plus particulièrement Tibors, Catherine ou Diarmid. Après ce qu’avait fait pour moi Tibors, je ne pouvais le laisser courir face au danger sans aide. Et le connaissant, je doutais qu’il reculât.
Escortés par le géant viking Amalric, nous nous dirigeâmes donc vers Fay. Mais après une bonne heure de marche je stoppai net. Eric de Malaeux n’était plus. Et avec lui les quatre morts-vivants avaient de nouveau retrouvé la mort. Aodren, Stanislas et Xzyl, à l’époque, doutaient encore de mes prédictions... si tant est qu’ils y aient eu un jour où ils n’aient pas douté. Je suis sûr qu’aujourd’hui encore, alors que le moment de la fin de cette vie approche pour mes vieux os, ils doutent encore de ce que je peux leur affirmer...
Mais qu’importe, nous reprîmes notre marche et arrivâment dans un village en fête et adulant Tibors. Le preux chevalier – en tout cas c’est ainsi que la population de Fay de Bretagne le voyait... et ne sommes nous pas un peu l’image que les gens ont de nous ? - avait invoqué le Dieu des Chrétiens et demandé qu’il l’aide à affronter les créatures maléfiques. Le prêtre avait craqué et confessé ses pêchés avant de disparaître. J’appris par la suite que les talents de Dame Catherine avaient grandement contribué aux confessions du prêtre.
Peu après, trois des créatures avaient enfoncé la porte de l’église. Tibors avait de nouveau invoqué la puissance divine, dans un jeu d’acteur dont je ne doute pas, et une lumière bénie s’était abattue sur le premier revenant. Épaulé par Diarmid, il avait fait face, épée au clair, aux deux autres créatures. Eric de Malaeux, ayant pris conscience de ses pêchés, était allé s’empaler sur la lance d’un de ses monstres.
L’évaporation de son dernier souffle avait sonné la fin des trois derniers zombies.
C’est ainsi que trois « vulgaires », pour utiliser le terme consacré, avaient vaincu là où quatre mages ne savaient comment agir. Que cette leçon serve à tous qui, jeune et sûr d’eux, fier d’avoir obtenu leur gant, croient que leur supériorité les rend invincibles et surtout indépendant du commun des mortels.
Les jours qui suivirent nous permirent de nouer contact avec la population sur de meilleures bases. Elouin, le bourgmestre, ne cacha pas sa déception d’apprendre que nous avions hérité des prérogatives attribuées à feu Astinus. Prérogatives qu’il se voyait déjà récupérer. Mais, pragmatique, il accepta de reconduire avec nous le même accord qu’il avait avec Astinus.
Tibors était adulé au village. Porté aux nues. Sa renommée se propagea très rapidement alentours. Le lendemain des événements, le Baron Adrien de Châtelain, Capitaine des gardes de Blain, se présenta au village. Il se dit ancien écuyer d’Alain de Penthièvre, Baron de Chateauledrun, le père de Tibors. Ainsi Tibors était bien fils de noble. J’avoue honteusement que jusqu’à ce jour, j’en avais douté malgré son empressement à le clamer haut et fort... ou peut-être à cause de son empressement à le clamer, justement.
Le Baron de Châtelain évoqua succinctement ses combats aux côté du père de Tibors face aux forces ennemies de l’Eglise. Je n’y entendais à l’époque pas grand chose en matière d’infernal mais Aodren confirma que les quelques mots du Baron semblaient étonnamment y faire plus ou moins référence.
Le blason de Penthièvre, le récit de cet ancien écuyer. Il ne faisait pour moi plus de doute, je devais me rendre auprès du Baron de Chateauledrun. Ma destinée n’était pas uniquement liée à la rencontre de Tibors. Je devais également rencontrer son père.
Catherine nous apporta ce même jour une autre information. La vie de Tibors de Penthièvre était mise à bon prix. Pour la sécurité du chevalier, comme pour celle de l’Alliance, il fallait que le nom de Tibors de Penthièvre se fasse discret. Difficile connaissant le personnage de l’époque.
Tibors, finit par nous avouer que l’auteur de cette prime déshonorante était très certainement son propre frère... ou demi-frère plus précisément.
Les jours qui suivirent furent riches en échanges avec mes trois confrères. L’avenir et la déclaration officielle de l’Alliance était au cœur des sujets. Nous décidâmes in fine de partir pour Confluensis par voie de mer depuis Nantes. A Nantes, Catherine se chargerait avec l’aide de son frère de mettre en scène la mort de Tibors de Penthièvre... tandis que le vrai Tibors resterait « sagement » à l’Alliance.
La veille de partir nous eûmes la visite d’un étrange personnage, Anselme Devaux, qui, hormis la tenue vestimentaire et ses deux gardes du corps, avait autant l’allure que moi d’un ecclésiastique. Pour autant, il se présenta comme abbé de Redon. L’abbé état familié d’Astinus, pour preuve sa facilité à arriver jusqu’à l’entrée de notre Alliance.
Le personnage nous imposa presque de poursuivre les « arrangements » qu’il avait avec Astinus avant. Nul besoin de prédictions pour deviner dès cette première rencontre que ce personnage referait parler de lui...