la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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World of Warcraft

Elysea

lundi 28 mai 2007, par GIOM

Tout avait été prévu, soigneusement préparé. Des nuits entières à s’user les yeux sur de vieux parchemins et récits à la seule lueur d’une lanterne.

On ne trouvait pas tout dans les bibliothèques, loin de là, et Elysea était bien la première à le dire… Mais il fallait toujours commencer quelque part.

Cela avait pris du temps, beaucoup de temps… Et si l’immortalité vous donne une vision différente du temps, une vision différente des liens affectifs, certaines choses ne changeaient pas. Et ce temps ne s’écoulait pas de la même façon pour tous. Peut-être était-il déjà trop tard, peut-être que tout ceci ne servait à rien mais si le moindre espoir subsistait, il fallait le saisir avant qu’il ne s’éteigne…

Elle n’avait pas été seule d’ailleurs dans ses recherches, bien au contraire. Même si sa sœur jumelle avait choisi une autre voie et avait empêché le développement de son Étincelle, leur objectif commun comme leur relation étaient restés les mêmes. Une relation vivante et animée, souvent, mais finalement solide. Oui, certaines choses ne changeaient pas.

Les deux sœurs avaient passé plusieurs mois, près d’une demi-année à lire et relire ces écrits, tenter de déchiffrer l’impossible, interroger qui pourrait apporter une quelconque information, même minime… souvent avec déception d’ailleurs.

Des mois à piétiner lentement, très lentement et à désespérer souvent.

Mais les choses avaient finalement avancé, malgré tout.

Restait qu’on ne trouvait pas tout dans les bibliothèques… loin de là. Et que, parfois, il fallait prendre quelques risques…

Une organisation devenue sectaire au fil des années, chaque jour un peu plus repliée sur elle-même. Une armée devenue extrémiste et d’une rigidité exemplaire...

Mais au moins tenait-elle toujours et restait sans aucun doute l’un des plus solides remparts face au Fléau, quand tant d’autres armées souffraient de ce combat sans fin. La fin des Gardiens de la Flamme en était un triste exemple.

Rencontrer et pouvoir discuter avec des membres de la Croisade Ecarlate était presque impossible mais espérer obtenir les informations qu’Elysea voulait se procurer relevait de l’utopisme forcené. Utopiste ! Elle avait souvent été considérée ainsi, et ce depuis ses débuts à l’Académie. Mais les années apportent expérience et maturité…

Tout aurait été bien plus simple cela dit s’il avait fallu se renseigner auprès de l’Aube d’Argent. Les deux sœurs y avaient chacune un titre honorifique et étaient reconnues pour leur ardeur à combattre le mal qui rongeait depuis tant d’années les terres qui avaient bercé leur enfance. Mais elles avaient justement pu accéder aux registres de l’Aube d’Argent, non sans mal, il est vrai… et rien ! Pas une seule piste ou hypothétique correspondance.

Non, il fallait se rendre à l’évidence : le Général Algar d’Ergevald n’avait pas rejoint l’Aube d’Argent après la chute de Lordaeron.

Restait peu de possibilités. Et toutes leurs recherches au sein des Réprouvés avaient également apporté les mêmes conclusions : l’absence de piste.

Restait donc la mort ou un hypothétique engagement au sein de la Croisade Écarlate. Et pour Elinn comme pour Elysea, cette première éventualité n’en était pour le moment pas une.

Les deux sœurs avaient réussi à tisser des liens finalement utiles. Et le nom d’Ergevald, comme l’héritage qu’elles avaient pu enfin obtenir y avait peut-être aidé.

Certaines choses ne changeaient pas… mais d’autres si. Et Elinn qui était bien plus fougueuse que sa sœur s’était grandement assagie depuis son périple à Fossoyeuse. Elysea ne lui avait d’ailleurs même pas proposé de prendre sa place.

Il y avait un temps pour la réflexion et un temps pour l’action...

Et puis que risquait-elle finalement de pire que la simple mort de son enveloppe charnelle ? Elle avait la certitude que son Ecrylle survivrait à cette éventuelle mort, ce qui ne serait certainement pas le cas pour Elinn.

Tout avait été soigneusement préparé. Minutieusement préparé. Tout n’était peut-être pas avouable dans ces préparatifs mais la vie est souvent faite de choix… et certains principes se doivent parfois d’êtres mis de côté… et quelques livres apparemment d’aucune utilité pour leur objectif c’étaient finalement avérés indispensables.

Elysea posa un regard vide sur les ouvrages usés par les années, devant elle. Elinn commençait à les ranger quand elle s’arrêta, un vieux grimoire rédigé dans une langue aux caractères étranges, dont la traduction, écrite à la main à côté, donnait quelque chose comme « La Torture des humains, Allier Efficacité et Plaisir ».

- Si Mère savait ça , dit-elle simplement.

- Elle ne saura pas et n’a pas besoin de savoir. La seule chose qu’elle a besoin de savoir c’est ce qui est advenu de Père. Uther a droit à son superbe tombeau dans les Maleterres et on ne sait même pas ce qui est advenu de ses généraux !

- Oui, acquiesça Elinn. Et de toute façon, même si elle voulait venir dans les pièces du sous-sol qu’elle nous a accordé pour nos « recherches », elle ne saurait passer les protections que nous avons mis en place... Cela restera notre secret. Un de plus...

Les deux sœurs s’assurèrent de verrouiller derrière et remontèrent au salon.

- Ah vous voilà, mesdemoiselles, s’enquit une femme d’un âge avancé en s’inclinant plus que de nécessaire. Votre mère s’inquiétait, le souper risque de refroidir.

Elinn et Elysea suivirent la matrone à quelques pas de distance.

- Il faudra faire disparaître les cadavres aussi, chuchota Elinn.

- Oui. Si tu n’en as plus besoin pour la potion, nous ferons ça ce soir. Il n’y aura qu’à les enterrer là où ont été mis les victimes du soir du bal. La terre est encore assez fraîche et personne ne viendra se poser de questions.

- Ah enfin ! sourit leur mère d’une voix fatiguée par les années. Vous étiez encore absorbées dans vos recherches, mes filles ?

- Oui, répondit Elysea d’une voix douce. Je n’aurais jamais cru que ce poste à l’Académie me prennent autant de temps.

- Mais je sais que vous réussirez, poursuivit la mère. Votre père serait fier de vous.

- Oui, commenta Elinn dans un murmure. Il sera fier.

La patience est une vertu, certes mais une vertu parfois dure à conserver… Être ainsi prêtes depuis plusieurs jours et devoir attendre avant de tout mettre en place… attendre le bon moment décidé déjà depuis plusieurs jours…

Le feu du campement faisait danser une lueur macabre sur les terres désolées autour d’eux. La nuit était froide et angoissante dans cette région où l’odeur de mort était partout présente. Par trois fois déjà ce soir elles avaient été interrompues par un groupe de goules ou de squelettes errant sans but mais s’attaquant à tout ce qui était à portée. Les envoyer au sol n’avait pas été long mais Elysea pestait contre ces interruptions inutiles. Il y avait encore tant de choses à passer en revue…

- N’oublie pas, la potion ne durera pas plus de 24 heures je pense, rappela Elinn. Peut-être une ou deux de plus mais je n’y compterais pas de trop.

- Oui, oui, je sais. Toutes les 24 heures sans faute, j’en prendrai une gorgée.

- Tu en as pour une vingtaine de jours, probablement pas plus. Et de toutes façon, après cela les ingrédients n’auront plus le même effet. Le corps humain se décompose finalement vite après sa mort, quoi qu’on y fasse… L’alchimie a ses limites !

- Ne t’inquiète pas, si après vingt jours je n’ai rien trouvé c’est que vraiment j’aurai échoué… et qu’il me sera probablement arrivée quelque chose.

Elysea sourit à cette pensée.

- Ça n’a rien de drôle, râla Elinn. Tu vas encore me dire que je me répète mais je me demande si Mère n’a pas tort… Je ne sais pas si c’est l’endoctrinement d’Heptacle ou ton Etincelle que tu n’as pas réussi à maîtriser à temps mais bon, des fois tu m’inquiète quand même.

- Il y a tant de choses que tu ne peux comprendre sœurette… alors que tu aurais pu, si tu l’avais voulu…

- Oui je sais ça tu me l’as assez dit ! Et puis…

Elinn s’arrêta. Elles avaient tant de fois eu cette discussion. A quoi bon ressortir chacune les mêmes arguments pendant toute la soirée ?

- Tu crois qu’un jour nous retrouverons ces terres comme elles étaient ? changea Elinn de sujet.

- Un jour sûrement… Je l’espère. Peut-être que tu ne seras plus là pour le voir, impossible à dire… En tous les cas j’aime bien revenir ici de temps à autre. Tant de souvenirs de mon enveloppe charnelle y sont attachés.