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Campagne Ars Magica - Nantes

Berendus, fin d’éternité

extrait des mémoires d’Ailin Doublevue – Tome IV - « Affronter la mort »

jeudi 10 décembre 2015, par GIOM

Quand les fils des marionnettes se coupent...

Le soir nous retrouvâmes Ogier. Il avait pu collecter quelques rumeurs et avait retrouvé l’agresseur de Xzyl. C’était un savetier sans histoire, mais qui avait les yeux noirs… comme le fanatique qui nous avait repérés dans la journée.
Ogier avait également découvert qu’une secte protégeait la ville du « démon ». Et par « démon » était entendu les mages. Cette secte se faisait appeler Apophis.
Le nom d’Apophis a des origines égyptiennes, l’équivalent du Nídhögg, chez les nordiques. Rien de très encourageant.

Le soir je créai un cercle de protection contre les esprits, à l’intérieur duquel je me couchai. Etait-ce une bonne idée ? Une mauvaise idée ? Le passage l’âge adulte ne doit-il pas passer par l’émancipation vis-à-vis du père ?
Je m’endormis mais un rêve me perturba. Toujours le même rêve… une image. Le souffle rejeté. Mais rien après. Pourtant, je sentais, je savais qu’il y avait quelque chose après. Quelque chose de très important.

Le lendemain, au réveil mon esprit était encore agité mais je me sentis reposé, pour la première fois depuis de longues journées.

Il fallait avancer. Nous n’avions pas enquêté sur la secte mais avions décidé d’agir, jeune chiens fougueux que nous étions… Cette image n’est d’ailleurs pas sans m’en rappeler une autre, une nuit dans le Palais Chimère…

Nous nous rendîmes chez Nazarélo, prîmes l’orbe, les lettres et le livre et nous rendîmes avec l’érudit vers la chapelle St Thomas où les objets avaient été trouvés.
Je sentais clairement le regio qui s’étendait partout autour de la ville, sous la ville. Mais impossible d’en identifier l’entrée.
Cependant, le faisceau d’indice accumulé récemment, dans les lettres trouvées chez Nazarélo, notamment, nous incita à chercher les traces d’une porte à l’extérieur de la ville. Et en effet, après quelques heures à chercher dans la neige, Ogier finit par trouver deux larges pierres taillées, recouvertes de neige : les ruines d’une ancienne porte. L’entrée du regio.
Une entrée qui s’ouvrirait aux premières lueurs de l’aube.

Le lendemain, à l’aube nous étions donc sur place. J’usai de magie pour sentir l’entrée du regio. Echec. Une nouvelle preuve sur le fait que j’étais dépassé par les événements.
L’œuf se brisa. Je vis l’oiseau noir en sortir et voler… comme dans les souvenirs qui m’avaient été dérobés.
La Roue et ses cycles.
L’oiseau noir passa à travers une arche palpitante et noire.
Je me tournai vers mes compagnons, frappai des mains et me démultipliai en une vingtaine de fantômes qui m’entourèrent afin de protéger le lieu, avant d’attaquer mes compagnons.

C’est alors qu’un autre fantôme se précipita sur moi et me traversa. Tous les esprits disparurent. A côté de moi apparut une sorte de chien loup fantôme : le Cerbère. Xercès.
Sa peau était déchirée de partout.
Il me demanda de le tuer.
Dernière étape. Indispensable si nous voulions rentrer.
Avais-je réellement le choix en cet instant ? Cet instant n’était après tout que la somme des choix précédents que j’avais faits et qui tourbillonnaient dans ma mémoire.
Avais-je eu raison de m’opposer à Sa protection depuis notre arrivée ici ? Avions-nous eu raison d’ignorer l’avertissement du sandestin ? Qu’avions-nous fait ? Qu’avais-je fait ? Futiles inconscients que nous étions ! Non plus pions sur l’échiquier mais acteurs sans connaître les conséquences de nos mouvements.

Je le tuai.
Mort. Nouvelle vie.
Je ne mesurais pas alors la profondeur définitive de cet acte. Pas plus que ses conséquences. Pour autant, je ne les regrette pas. La vie est faite de choix et de conséquences pas de regrets.

Mes compagnons me ramenèrent à la réalité de l’instant présent. A l’intérieur, Nazarélo s’était révélé et courait devant. Xzyl tenta de l’entourer d’ombre mais il se dégagea. « Les armes d’Apophis ne peuvent atteindre Aophis ! »
C’est, Aodren qui porta le dernier coup à l’achèvement des événements. Il parvint à apparaître juste à côté de l’érudit et à enfoncer une fine lame dans le serpent tatoué sur son torse.
Le sang fut versé. L’archonte fut libéré.
Nous n’avions d’autre choix que d’achever ce qui avait été commencé… et de nettoyer ce que nous avions déclenché.

Les choses allèrent tellement vite. Leur description en serait si futile. Un minotaure apparut et fonça sur l’archonte. Nous donnant ainsi un peu d’avance.
Nous courûmes vers la lueur bleue qui irradiait depuis un bâtiment central : le Temple de Mercure. La magie était incroyablement puissante. Nous n’avions jamais ressenti quelque chose de tel.
Aodren avait les yeux qui se mirent à briller encore plus qu’auparavant.
A l’intérieur, une étrange « machine » qui tournait sur elle-même, alimentée par les âmes de la nécropole plus bas. La machinerie qui tenait en vie Berendus. Sa vie qui maintenait le régio.
S’il souhaitait mourir, sa mort signifierait la fin de la prison de l’archonte.
Nous n’avions d’autre choix que de l’affronter. Et par là affronter la réalité de qui nous étions. De qui nous sommes.
Le Nécroscope qui avait le pouvoir de réveiller les morts et de les contrôler, comme Cythraul.

Je rassemblai la magie autour de moi et entreprit de contrôler les fantômes. La lutte face à l’archonte fut terrible. Mais tout fantôme que je parvenais à contrôler et à retourner contre lui était une arme de moins dans ses mains.
Ogier, sous forme de loup, la bouche haineuse, se jeta sur la boule autour de laquelle tournait la « machine » à toute vitesse. Le Regio commença à se disloquer.

Ogier lâcha le cœur de la machine qui s’avéra être en réalité un bâton. Le Bâton de Berendus. Le Bâton dans lequel Berendus vivait.
Aodren s’appropria le Bâton et entreprit de soigner l’archonte. Ses chairs recouvertes d’ombres n’étaient qu’une multitude de vers grouillant sur un immense squelette. Chaque partie de son corps ainsi soignée redevenait humaine. Mortelle. Aussitôt tranchée par l’archonte lui-même.
Aodren cassa finalement le Bâton, ce qui transforma presqu’entièrement l’archonte en chair… qui se fit dévorer par les propres vers qui animaient son corps.

Le regio s’écroulait sur lui-même. Il ne resterait bientôt plus rien de cet espace hors du temps, irradiant de magie.
Nous sortîmes in extremis…

Nous étions sauvés. Nous avions sauvé le monde d’une terrible menace.

L’attaque de Bilera et Verox et la futilité des mages et de l’Ordre ne me laissa qu’un simple dégoût.

Je sombrai inconscient.
Plus rien ne serait comme avant.
De pantins nous étions devenus marionnettistes.