la guilde d’Altaride

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Sombre

Challenger

Quickshot du 11 juin 2011

dimanche 19 juin 2011, par Benoît

11 juin 2011. 15h32 TU. Navette Challenger, de la Tempco Inc. à destination d’Éridan Bêta, transportant une double cargaison de Recyclage niveau 7 pour le centre de tri orbital. 6e jour de voyage. Le senseur de bord vient de capter un signal automatique de détresse. En accord avec le code de navigation spatial interstellaire, le capitaine John Smith a effectué une manœuvre pour dévier de la trajectoire prévue pour approcher du S.O.S. Un message a été envoyé au central spatial pour enregistrement de la modification de procédure de vol.

Le Dr Shirley Green, biologiste de bord, utilise le temps de manœuvre pour préparer, au cas où, un hôpital de campagne improvisé, au cas où l’appel de détresse concerne des blessés à évacuer. Elle s’occupe de rassembler les médicaments et demande de l’aide à Nelson Frey pour installer des couchettes dans la salle commune. M. Frey est un prisonnier en transit, à destination du tribunal spatial de Cordenial, dans le système Éridan. Il voyage sous la surveillance du caporal Marvin Jackson, agent de sécurité de la corporation. Le chien du capitaine, Sam, observe toute cette agitation inhabituelle avec son flegme coutumier.

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Navette Challenger

La navette approchant du signal, les systèmes de détection commencent leurs analyses de routine, sous la supervision de M. Séo Kim, le mécanicien de bord. M. Kim est sous les ordres du capitaine Smith depuis plusieurs mois, après avoir perdu lui-même sa licence de pilote pour avoir crashé sans explication valable une navette de la corporation. Les signaux captés sont particulièrement étranges. En effet, l’appareil spatial qui émet le signal semble avoir le même format que la navette Challenger. En affinant ses analyses, M. Kim constate qu’il s’agit bien du même modèle de navette Tempco. Tout l’équipage se rassemble dans le cockpit pour observer l’étrange vaisseau quand il arrive en visuel – mis à part Nelson Frey, qui a été enfermé dans sa cabine par M. Jackson.

Le survol de l’appareil en détresse se déroule selon la procédure standard : trois passages, avec des messages répétés sur toutes les fréquences. Aucune réponse mais une constatation très troublante : le nom du vaisseau, peint sur la coque : « Challenger ». Le numéro d’identification Tempco en-dessous correspond lui-aussi !

Un débat s’engage dans le poste de pilotage. Il n’aboutit à aucune réponse satisfaisante mais pour le capitaine Smith, la situation ne change pas : une équipe de reconnaissance va descendre de l’autre côté, récupérer le journal de bord et repérer d’éventuels survivants. MM. Kim et Jackson descendent donc au sas pour enfiler leur scaphandre. Jackson laisse au capitaine Smith le détecteur qui lui permet de localiser en continu son prisonnier, pour l’instant toujours enfermé dans sa cabine, près de la salle de sport. Le Dr Green reste aux côtés du capitaine pour le monitoring des sauveteurs à l’aide des écrans de contrôle de la salle de pilotage.

Les deux scaphandriers spatiaux n’ont aucune difficulté à passer d’un appareil à l’autre. Le second Challenger, en revanche, semble totalement privé d’énergie et M. Kim est forcé d’utiliser la commande manuelle du sas d’urgence. L’intérieur de cette navette est sombre, sale, poussiéreux. Le générateur de gravité est également désactivé ; les sauveteurs continuent donc d’évoluer en scaphandre, en gravité zéro, et montent jusqu’à la salle de pilotage, déserte… M. Kim s’active immédiatement aux commandes, mais faute d’énergie, celles-ci s’avèrent inutiles. Avec M. Jackson, il s’engage donc dans la coursive principale, le long de la serre hydroponique, pour atteindre la salle des machines à la poupe. Ils en profitent pour vérifier les cabines. Celle de Nelson Freys est verrouillée mais ce n’est pas un problème pour M. Kim, qui désactive rapidement la serrure électronique.

À l’intérieur, un inquiétant cadavre desséché est recroquevillé sur la couchette, serrant dans ses bras la balise de détresse.

En voyant ce corps sur les vidéos, le Dr Green a rapidement fait le rapprochement avec leur prisonnier et s’est tourné en direction du contrôle, qui indiquant que Nelson Frey ne se trouvait plus dans sa cellule… mais à l’infirmerie. Très inquiète, la biologiste a quitté la salle de pilotage pour rejoindre le prisonnier. Celui-ci a été surpris en train de manipuler des médicaments – possiblement pour en subtiliser. Shirley Green a fermement insisté pour qu’il la suive. Il semblait nerveux, légèrement agité, possiblement déjà drogué à l’aide de calmants. Agacée, elle l’a ramené dans la salle de pilotage pour pouvoir garder un œil sur lui.

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Sombre coursive...

Pendant que Marvin Jackson s’intéressait de plus près à ce qui pourrait être une sorte de clone de son prisonnier, Séo Kim a continué dans le couloir en direction de la salle des machines pour y rétablir le courant.

Nous manquons d’informations à ce stade de la mission de sauvetage. Toute communication avec le Challenger a été brutalement coupée, son et vidéo. Le capitaine John Smith et le docteur Shirley Green n’ont pas réussi à recueillir d’informations sur l’expédition. Très inquiète, Miss Green a pris la décision de partir à son tour à leur recherche et est descendue au sas pour s’équiper du troisième scaphandre.

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La salle des machines

En dépit de son manque d’entraînement spatial, le Dr Green a rejoint le sas de la seconde navette Challenger et constaté que le courant y avait été rétabli. C’est en entrant dans le sas que le contact radio revient. Très inquiète, elle demande des nouvelles des deux explorateurs, qui restent assez flous sur les évènements produits pendant le black-out. Leur témoignage est confus, ils expliquent avoir aperçu une silhouette furtive dans la coursive principale, celle du capitaine Smith. Pourtant, un survivant dans cet environnement serait hautement improbable et le Dr Green mise plutôt sur une défaillance des valves d’alimentation en oxygène des scaphandres, qui n’ont pas servis depuis longtemps, ou suite à une erreur de branchement quand, pendant le black-out, ils ont changé eux-mêmes leur bouteille d’oxygène par une de rechange trouvée dans le stock de l’épave.

Séo a cependant relancé quelques systèmes de survie, ce qui permet à la navette en perdition de retrouver de l’air – un air vicié, recyclé depuis des lustres – et un peu de lumière. Mais la plupart des machines restent inactive faute de puissance. Green jette un coup d’œil dans la cabine du capitaine au cas où un journal de bord s’y trouverait… mais elle n’y découvre que le cadavre d’un chien, desséché, déformé. Un corps qui lui rappelle étrangement celui de Max, le chien du capitaine…

C’est avec la chair de poule que le trio revient rapidement sur le Challenger. Le capitaine est furieux de découvrir que sa dernière mission est en train de se changer en cauchemar. Il ordonne 3h de récupération avant un briefing. C’est alors que le caporal Jackson se rend compte que le capitaine n’a pas veillé à la localisation de son prisonnier, qui semble à nouveau s’être échappé de sa cellule. Nelson Freys se trouve, d’après le détecteur, dans l’atelier. Marvin Jackson s’y rend donc au trot et y découvre Séo Kim, qui fait mine d’avoir à peine découvert Nelson sur les lieux… un Nelson qui tient une hache à incendie entre les mains, soit-disant pour se protéger de ce qui se passe. M. Freys a l’air particulièrement tendu et angoissé et il faudra toute la force de persuasion du groupe pour le ramener dans sa cellule. Marvin Jackson prend sur lui pour se fâcher contre Shirley, qui n’a pas du tout bien su gérer le prisonnier. Heureusement, l’incident est évité et chacun peut se rendre dans sa cabine pour se reposer un peu.

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Le pistolet de Jackson

Deux heures plus tard, deux coups de feu résonnent dans tout le vaisseau. Chacun se réveille en sursaut pour sortir dans la coursive principale, le long de la grande verrière de la serre hydroponique. Un grognement provient de la proue. Un son répugnant, gutural… M. Jackson sort précipitamment de sa cabine, armé de son pistolet règlementaire. Le docteur Green est là aussi, ainsi que Séo Kim derrière elle… quand une silhouette en scaphandre apparaît dans l’obscurité du couloir, du côté du poste de pilotage… armée d’un pistolet ! La personne, à l’intérieur, pousse un cri horrible avant de se précipiter vers le trio en hurlant. Très crispé, le caporal vise et tire à plusieurs reprises. Une balle manque sa cible et détruit une des vitres de la serre, qui s’effondre en une pluie de grains de verre. Le casque vole en éclat et le visage tordu de rage apparaît sous la visière… celui de Shirley Green, méconnaissable, usée, vieillie, sauvage, le regard vide. Arrivée au corps-à-corps, elle commence à donner des coups de hache d’une violence inouïe, blessant la véritable Shirley. Celle-ci, terrifiée, tente d’abord de se cacher derrière M. Kim, lui-même au bord de la panique, avant de riposter en utilisant la hache récupérée par Séo dans l’atelier. D’un geste rageur, elle plante le fer dans le crâne de la scaphandrière folle, qui s’écroule en gargouillant.

L’équipage reprend son souffle tandis que Nelson Freys, paniqué, s’époumone depuis sa cellule pour demander ce qui se passe dehors. Le Dr Green n’en revient pas d’avoir tué ce qui semble bien être un double d’elle-même. Son esprit scientifique reprend rapidement le dessus et elle cherche à en savoir plus, à trouver des preuves vérifiables. Après une courte discussion, M. Jackson accepte de libérer temporairement Nelson pour qu’il l’aide à amener le corps en scaphandre dans l’infirmerie. Pendant ce temps, avec Séo, il se rend au poste de pilotage pour enquête sur les coups de feu.

Shirley récupère le pistolet de son double, le même modèle que celui du caporal, mais le chargeur est vide. Quant au corps, elle ne tarde pas à devoir faire face à la terrible réalité : le cadavre possède les mêmes empreintes digitales qu’elle, le même groupe sanguin, le même iris… la Shirley en scaphandre semble cependant plus âgée, très fatiguée, sous-alimentée. Autour de la scientifique, le prisonnier, très agité, marmonne des imprécations incompréhensibles…

Dans le poste de pilotage, Séo et Marvin font une horrible découverte. Dans le fauteuil du pilote gît le cadavre du capitaine Smith, tué par deux balles. L’une d’elles est entrée dans sa poitrine, l’autre lui a traversé le crâne, projetant de la cervelle partout derrière. Nul doute que la « Shirley » en scaphandre est montée commettre ce crime répugnant. Les doubles sont donc comme fous, incontrôlables, et on peut donc s’attendre à ce que les autres membres de l’équipage soient également en double… Le décompte est donc vite fait, alors que Green et Frey reviennent vers eux. Le clone de Frey a été identifié de manière pratiquement certaine dans sa cabine de l’autre vaisseau, serrant contre lui la balise de détresse, que M. Jackson a d’ailleurs rapporté avec lui. Il est donc mort. Celui de Shirley repose dans l’infirmerie… et le cadavre de « Max » était dans la cabine du capitaine sur l’autre Challenger. Restent donc les clones de Jackson et de Kim, certainement encore à bord de l’autre appareil.

Très nerveux, Séo Kim propose de quitter l’endroit au plus vite et d’abandonner purement et simplement cette copie maudite de la navette. Le reste de l’équipe se rend rapidement à son avis… sauf le Dr Green, qui regrette bien d’avoir à préciser que, malheureusement, lors du combat contre « Shirley », une paroi de verre a été détruite sous les balles. Or la survie de l’équipage est entièrement liée au maintien de la serre hydroponique en parfait contrôle de conditions de développement. C’est elle et sa végétation qui fournissent l’oxygène et la nourriture à l’équipage pour toute la durée du voyage. Il n’y a aucun moyen de s’en passer… et avec une verrière endommagée, la serre ne pourra plus remplir efficacement sa fonction vitale.

Force est donc de constater que l’équipage doit organiser une nouvelle mission, qui aura cette fois-ci pour but de récupérer à bord de l’autre navette Challenger les pièces détachées nécessaires à la réparation de la verrière de la serre.

Séo Kim ne peut pas partir à nouveau car il doit prendre la relève du capitaine aux commandes de la navette : sans supervision, les deux vaisseaux risqueraient de se heurter… un choc qui serait fatal aux deux appareils. De son côté, le docteur Green doit aller vérifier que le matériel récupéré sera conforme aux normes de la serre. Le caporal Jackson persuade son prisonnier d’accompagner la scientifique pendant qu’il veillera à la sécurité du pilote.

Shirley, très inquiète, lutte contre la panique qui monte en elle grâce à son esprit cartésien. Elle prend toutes les mesures nécessaires sur la serre endommagée et répète avec Nelson les manœuvres qu’il faudra faire à bord de l’autre navette. De son côté, Nelson Frey s’arme à nouveau d’une hache à incendie. Ensemble, ils descendent au sas et s’équipent de scaphandres, avant de sauter dans l’espace jusqu’à la sinistre navette.

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Exploration de la seconde navette

De l’autre côté, la pression de l’air est maintenant rétablie et les deux aventuriers peuvent donc ouvrir leur casque. L’air est malodorant mais respirable. Ils quittent le sas et remontent dans la salle de pilotage, avant d’accéder à la coursive principale, plongée dans une semi-obscurité. Seul l’éclairage de secours permet de distinguer les contours du couloir. Derrière la verrière, on distingue faiblement les formes tordues de la végétation noire, morte depuis longtemps dans la serre abandonnée.

Shirley et Frey se mettent donc au travail pour commencer à détacher l’une des grandes vitres de la serre. Nelson est particulièrement crispé. Ses mains tremblent tant qu’il a du mal à utiliser les outils… quand soudain une forme se détache sur les lumières du couloir ! un nouveau clone rageur armé d’une hache se précipite à pas lourds dans leur direction ! Un violent combat s’engage alors, à coups de haches et d’outils… Finalement Shirley parvient à planter son pic à mastic dans l’œil de ce qui semble être le double de Séo, qui s’effondre en gargouillant.

Jackson et Kim suivaient ces évènements depuis les caméras du poste de pilotage. En voyant le combat, Séo décide brutalement de larguer les amarres et d’abandonner là leurs compagnons. Selon lui, les réserves qui n’auraient pas été suffisantes pour cinq pourront sauver deux personnes !
Définitivement paniqués, les deux scaphandriers sont également très grièvement blessés et leur combinaison ne sera plus suffisamment étanche pour leur permettre de sortir dans l’espace.

Le Challenger commence à s’éloigner malgré les supplications de Shirley, qui avoue ses sentiments envers Séo… mais c’est finalement Nelson qui ramène le pilote à la raison en invoquant une vieille dette entre eux. Jackson comprend alors que c’était certainement Séo qui avait aidé son prisonnier à quitter sa cellule plus tôt dans la journée… mais il est bien trop tard pour se préoccuper encore de ces détails. La navette entame une nouvelle manœuvre complexe d’abordage…

De leur côté, Green et Freys retournent avec beaucoup de difficulté dans le sas en portant la précieuse vitre. Un débat très tendu s’ensuit, pour savoir qui des deux pourra avoir le privilège d’utiliser le dernier scaphandre en bon état du vaisseau, qui fait parti du stock de l’ancienne navette. Shirley envisage un moment d’utiliser des pièces détachées des deux combinaisons crevées mais cette idée prendrait beaucoup trop de temps… sans compte qu’aucun des deux n’a les compétences nécessaires pour une telle réparation de fortune.

Bon gré mal gré, Nelson Frey accepte de laisser Shirley passer de l’autre côté, sans la vitre, pour lui rapporter le scaphandre restant dans l’autre sas. La jeune femme sort donc dans l’espace… pendant que Frey, terrifié, reste seul sur la navette maudite !

Le Dr Green, de son côté, rejoint le sas de son cher Challenger… mais la porte s’ouvre sur le caporal Jackson, usé et bavant, qui approche d’elle en brandissant son pistolet… elle se précipite sur le côté mais une détonation retentit…

À l’étage, Séo, toujours concentré sur le pilotage, laisse Jackson descendre voir ce qui se passe et aider Shirley. Il entend des bruits horribles… puis un pas lent qui monte irrémédiablement vers lui. Tremblant, il s’arme du mieux qu’il peut et dès qu’il voit quelque chose dépasser de l’escalier du sas, il frappe, cogne comme un acharné ! du sang jaillit, des bouts de cervelle éclaboussent son visage et tout autour de lui… mais une seconde forme escalade à son tour l’escalier… un deuxième Jackson, horriblement mutilé ! dans un hurlement de rage et de terreur, Séo se remet à frapper, frapper encore, avant de tomber sous les coups de son monstrueux compagnon…

Lentement, le Challenger se met à dériver et s’éloigne de la vieille navette. Dans le poste de pilotage, une main usée et sanglante saisit la balise et détresse et enclenche le système.

Très loin de là, une autre navette Challenger, en parfait état, reçoit le signal. Le capitaine Smith, l’air contrarié, change de cap pour se diriger vers le signal…


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