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Orc’Idée 2018

Stéph, orga d’Orc’Idée

Interview Chroniques d’Altaride

vendredi 30 mars 2018, par Benoît

Voici un avant-goût du numéro 43 de la revue Chroniques d’Altaride, un entretien avec Stéph, présidente de la l’association Orc’Idée, qui organise chaque année la convention du même nom à Lausanne (Suisse), dont l’édition 2018 a lieu les 7 et 8 avril 2018.

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Qui êtes-vous ? Présentez-vous à nos lecteurs…

Je suis Stéph, rôliste et présidente d’Orc’idée. Je vis sur une montagne, dont je descends pour faire du jeu de rôle parce que je suis malheureusement la seule parmis mon groupe de joueurs habituels à avoir compris que le centre du multivers se trouve en altitude. J’aime la fantasy et la science-fiction à parts égales, ainsi que les tableaux Excel et les lardons. Je n’ai absolument aucune activité sur les réseaux sociaux, mais cela ne m’empêche pas de faire partie de plusieurs comités dans des sociétés diverses, qui vont du jeu de rôle au tir en passant par le chronométrage de ski. Je suis rôliste depuis de nombreuses années et j’aime organiser des choses, il était donc logique qu’à force de traîner avec des membres du comité d’Orc’idée je finisse par me joindre à eux. Récemment, j’ai pris la présidence de l’association, suite à un putsch organisé par mon prédécesseur.

Orc’idée... qu’est-ce que c’est ?

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Avec environ 600 participants, Orc’idée est la plus grande convention de Suisse romande dédiée principalement au jeu de rôle, mais cela serait très réducteur de résumer aussi sobrement. En fait Orc’idée c’est du jeu de rôle, bien sûr, mais aussi du plateau et du grandeur nature ; des conférences et des ateliers ; l’occasion de rencontrer des créateurs, des éditeurs et des associations ; et une ambiance merveilleuse avec des gens costumés et des organisateurs attentifs. En bref, Orc’idée, c’est le meilleur week-end de l’année. Tout simplement.

Pourquoi ce jeu de mot dans le nom ?

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Historiquement, Orc’idée a été créée par des gens très bien issus de deux associations de rôlistes distinctes : Kaorc et L’Ombre du D, qui avait déjà expérimenté l’organisation d’une convention annuelle d’un jour. Ils ont donc nommé leur bébé en prenant un bout de chacun de leur nom et en ajoutant juste assez de lettres pour faire une sonorité fleurie. Pourquoi cette sonorité fleurie, me direz-vous ? Et bien parce que c’était des rôlistes qui avaient le goût du jeu de mot. Ensuite le nom est resté, même lorsque l’organisation a intégré des membres d’autres associations. Peut-être est-ce dû à un lobby de fleuristes caché qui tire les ficelles dans l’ombre… Mais je ne peux pas en dire plus sans risquer ma place. J’invite par contre tous les lecteurs de cette revue à venir enquêter eux-mêmes en posant des questions aux anciens organisateurs des premières éditions d’Orc’idée. Indice : il y en a encore un dans le comité actuel.

Qui organise l’événement ?

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La convention est organisée, comme à ses débuts, par une poignée de personnes aujourd’hui regroupés au sein d’un comité bénévole. Ce comité existe officiellement et légalement en tant qu’association à but non lucratif, sous le doux nom d’association Orc’idée. Nous sommes actuellement une dizaine. Et on recrute, d’ailleurs. Donc s’il y a des intéressés parmis les lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter. Et nous sommes aidés chaque année par des bénévoles supplémentaires au statut envié et enviable d’Aide, voire de Super-Aide pour les plus super-héroïques, qui viennent nous prêter main forte pendant la convention. Là encore, on n’est jamais à cours de bras, donc si vous voulez mettre la main à la pâte, on vous en sera reconnaissants).

Qu’est-ce qui fait d’Orc’idée une convention unique en son genre ?

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Je pourrais citer beaucoup de choses… La variété des activités proposées - on en reparlera - ou le cadre très étendu qui nous permet d’avoir une vue sur le lac et surtout un niveau sonore agréable dans toute la convention. Ou encore le merveilleux comité d’organisation… Mais je crois que ce qui fait d’Orc’idée une convention unique, c’est que tout le monde s’y prépare et se réjouit d’y venir. Et quand je dis tout le monde, je parle de l’organisation bien sûr, des meneurs de jeu aussi, mais même - et surtout - des visiteurs. La grande majorité de nos participants viennent en s’étant déjà inscrit à une partie, et souvent même à plusieurs, des semaines à l’avance. Lorsque nous ouvrons les inscriptions, les parties se remplissent en quelques minutes, ce qui veut dire que les joueurs avaient déjà prévu à laquelle ils allaient s’inscrire et attendaient ce moment fébrilement derrière leur ordinateur. C’est comparable à un gros festival de musique qui vend ses billets rapidement. En Suisse on appelle d’ailleurs ça l’Effet Paléo, du nom du festival. Cela veut donc dire que les gens ne viennent pas à Orc’idée parce qu’ils n’ont rien de mieux à faire, mais parce qu’ils l’avaient prévu, anticipé et c’est un beau compliment pour notre organisation.

2018, c’est la 24e édition, ce qui fait une sacrée durée de vie... Quel est le secret de votre longévité ?

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Comme je le disais, le public aime venir et, sans lui, nous ne serions plus là. C’est bien plus facile de mettre en place une convention d’aussi grande envergure - à l’échelle toute relative du jeu de rôle en Suisse romande, bien sûr - lorsqu’on sait que cela plaît aux visiteurs. L’autre secret du comité, c’est que nous sommes très hétéroclites. Il y a des gens de tout âge, sexe, niveau d’études, opinions politiques… Bref nous sommes représentatifs des rôlistes, qui sont des personnes très diverses aussi. Et du coup, lorsque l’une ou l’un d’entre nous a une idée de nouveauté qui l’intéresse, il y a de grande chance pour que d’autres rôlistes en Suisse (et ailleurs) aient aussi de l’intérêt pour cette nouveauté. C’est comme cela que l’on arrive à se renouveler et à ajouter des activités qui plaisent au public et permettent à notre convention de continuer d’exister et à notre comité de continuer à se faire plaisir en organisant. Et tant que cela sera une source de plaisir, on continuera à l’organiser.

En 2018, qu’est-ce qu’il y a de particulièrement intéressant à mettre sous la dent de l’orc ?

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Tout dépend du type d’orc dont il est question… Il y aura des parties pour les orcs qui aiment jouer ; des conférences pour les orcs qui aiment réfléchir sur le jeu de rôle et le grandeur nature ; un atelier pour les orcs qui aiment fabriquer leurs jeux maison ; des ateliers et des mini grandeurs natures pour les orcs GNistes ; un pizzaiolorc légionnaire aux fourneaux du bar pour les orcs qui ont faim ; une série de douze travaux pour les orcs qui se sentent l’âme d’un héros ; et d’autres choses encore pour les autres orcs.

Un petit mot sur le jeu de rôle en Suisse actuellement ?

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Mon suisse-allemand, mon romanche et mon italien ne sont pas assez bons pour parler de toute la Suisse, mais en Suisse romande, pour ce que je peux en voir, ça se porte plutôt bien. Comme je le disais plus haut, je ne suis sur aucun réseau social, aussi ne vois-je pas tout. Mais ce que je vois, tant dans les conventions, Orc’idée en tête, que durant mes parties avec ma table habituelle, c’est qu’il n’y a pas de limite à la propagation du jeu de rôle en Suisse romande. Le bouche à oreille est très important dans le jeu de rôle : il est très fréquent qu’on découvre ce loisir au hasard d’une conversation amicale, familiale, et même avec ses collègues. Une partie d’essai et hop ! Voilà de nouveaux adeptes ! Et quand la table est trop grande, on crée une seconde table. La communauté grandit ainsi gentiment par effet boule de neige. Et si le grand public reste assez ignorant au sujet du jeu de rôle, j’ai bon espoir que cela change petit à petit.

Le thème des Chroniques d’Altaride pour ce numéro est "Les Souverains en jeu de rôle" : qu’est-ce que ça vous inspire ?

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A priori, ce type de personnage ne m’attire pas spécialement. Le soucis avec ce genre de rôle, c’est que gérer un royaume ne laisse que peu de place à l’aventure. Et puis il y a le risque d’avoir un rapport de force par rapport aux autres personnages joueurs qui pourrait, s’il n’est pas bien géré, mener à de la frustration. Travailler pour (ou contre) un·e souverain·e me semble plus prometteur. Mais ça reste très personnel. Par contre, les personnages dirigeants, qu’ils soient joueurs ou non, permettent de mettre le doigt sur des choses intéressantes… on peut ainsi par exemple jouer avec le totalitarisme aussi bien qu’avec le concept de dirigeant-marionnette, selon les cas. Il y a moyen de bien s’amuser. ​Mais je reste persuadée qu’il est bien plus facile de développer/de présenter ce type de personnage en tant que personnage non joueur, avec qui les joueurs devront composer.

Si vous pouviez vous poser une question à vous-même pour terminer cet entretien, ça serait quoi ? Attention, il faudra y répondre ensuite…

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Une question que l’on m’a posée récemment, à savoir qu’est-ce qui me déplait tellement dans ma « vraie vie » pour que je cherche à m’en échapper par tous les moyens en jouant ainsi des rôles. Et la réponse est que celui qui m’a posé cette question se trompe lourdement sur le sens de ma « vraie vie ». Le jeu de rôle n’est pas pour moi une échappatoire à un quelconque malaise intérieur. Au contraire même, c’est parce que je suis heureuse et épanouie que je peux autant me laisser aller à être n’importe qui (je joue d’ailleurs des personnages de plus en plus variés et j’y vois le signe d’un meilleur équilibre personnel qu’à mes débuts). En fait, ce que celui qui m’a posé cette question ne comprenait pas, c’est que les mondes imaginaires (des jeux de rôle, mais aussi ceux des livres, des films, des séries et des jeux vidéo, pour n’en citer que quelques uns), ne me servent pas à m’éloigner de ce qu’il appelle ma « vraie vie », mais en font partie au même titre que le sport fait partie de la sienne (il le pratique, mais regarde aussi des matchs à la télévision pour les commenter ensuite avec ses amis et collègues). Et je ne pense pas que sa vie soit moins bien que la mienne, juste différente. Pour moi, la « vraie vie » n’a de sens que si l’on y fait des choses qui nous font plaisir, quitte à ce que certaines personnes ne les comprennent pas. J’accepte d’être vue comme quelqu’un d’incompréhensible pour certains, de par la variété de mes loisirs, parce que toutes ces activités m’apportent un peu de bonheur à leur façon. Mais je refuse qu’on me dise que j’ai un problème parce que je pratique l’une ou l’autre. Du coup, je me suis un peu braquée quand la question m’a été posée, et je n’aurais pas dû. En y réfléchissant après coup, j’ai compris que c’était probablement dû au manque de compréhension de mon interlocuteur et à son manque de connaissance du jeu de rôle en général. Il avait vraisemblablement de vilaines idées préconçues sur le sujet. Ce genre d’idées ne disparaîtront pas en quelques secondes, mais je pense qu’on peut y remédier en assumant fièrement d’être rôliste, en en parlant sans en avoir honte, parce que c’est un passe temps social et créatif tout aussi légitime que n’importe quel autre. Jusqu’ici je ne cachais pas que j’étais rôliste, mais je me fichais un peu que l’on sache ou non que je joue. Mais à présent je revendique fièrement ce statut, car j’espère, à mon humble échelle, pouvoir faire changer le regard de mon entourage sur ce « truc de geek asocial » afin que les futures générations de rôlistes soient plus nombreuses et moins victimes de préjugés.


Voir en ligne : Orc’Idée, la convention


Orc’Idée XXIV, c’est les 7 et 8 avril 2018 !

Tous les détails sur la convention

Retrouvez les Chroniques d’Altaride sur leur stand, avec Benoît Chérel (fondateur, rédacteur en chef, maquettiste) également auteur du jeu de rôle Fils des siècles.

Crédit photo : Stéphane Gallay, CC BY 2.0, via Flickr

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