la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

Accueil > Créations > Fils des siècles > Ancienne chronique > Contributions > ÎŠÏ Î¹Î´Î± - Iridha - Iris > 50 ans de politique babylonienne

[Fils des Siècles]

50 ans de politique babylonienne

ÎŠÏ Î¹Î´Î± - Iridha - Iris

lundi 29 novembre 2010, par GIOM

50 années après mon arrivée, je peux me satisfaire du travail accompli. Ces quelques mots te permettront, mon aimé, de suivre l’avancée de mon ascension. Je vis dans l’attente de te retrouver et, comme je te l’avais promis, t’offrir le rang qui t’es dû.

Babylone est une cité riche et prometteuse. Telle que je l’attendais. La disparition de mes amis aura eu finalement ses effets bénéfiques : ne plus passer mes nuits à perdre mon temps dans des souterrains malodorants et dangereux. En quelques années, mon influence sur la ville passa de négligeable à... convenable.


La Disparition

Admettre l’idée que quatre Immortels, le plus apparentés à ce que j’avais jamais pu considérer comme des amis, aient définitivement disparu n’avait pas été facile. Mais j’avais trop connu de désillusions dans ma vie de mortelle pour perdre du temps à m’apitoyer. Les « conseils » directifs de Kallicé, les tentatives de séductions maladroites d’Aoyunthaï, le franc-parler de Cush ou même le sourire carnassier d’Asshâni me manqueraient. Mais la vie continuait.

Les premières semaines après avoir admis l’idée de leur disparition avaient été actives. Tout à la fois, il fallait tenir mon fougueux Ecuménas, prendre soin de la dévastée Météra, gérer le Temple de Marduk et, surtout, poursuivre seule, les choses entamées avant.

Ecuménas

Tenir en laisse Ecuménas n’avait pas été si difficile. Certes ses sentiments qu’il croyait immortels étaient en effet intenses mais, comme prévu, le temps efface toute chose. Au moins avait-il vu que j’avais tout tenté pour son aimée et qu’il fallait se rendre à l’évidence. Comme moi il fut forcé d’admettre que Aëshala, comme Kallicé et les autres, ne reviendraient pas.

L’alchimiste

Un autre sujet urgent me tenait à coeur : profiter des derniers souffles de vie de mon « maître ». Cet entêté se refusait à la vie éternelle que je lui proposais. Il ne fallait pas que son savoir disparaisse à jamais. Et qui mieux qu’une immortelle pouvait le conserver ? Pendant plus de quatre ans l’essentiel de mes journées furent ainsi passées éveillées à travailler avec lui. Les habitants de mon quartier étaient bien portants et pouvaient se permettre d’éponger ma soif ainsi accrue. L’un des dons d’accéder au statut de déesse est que le sommeil n’est plus du tout indispensable.

Cela dit, ne déplaise à ce cher mentor, il n’aurait pas vécu si longuement si je n’avais pas préparé moi-même ses repas. Mais, même si j’ai prolongé sa présence dans notre monde, au moins ai-je respecté son désir de mortalité... une fois que j’étais sûre qu’il n’avait plus rien à m’apprendre. Je me suis même surpris moi-même à lui accorder une mort naturelle, même si le désir de déguster sons sang n’était pas négligeable.

Météra

Météra avait été une occupation intense mais fructueuse. C’est elle qui m’offrit les premiers éléments de mon influence sur la ville. La Daeva était dévastée. Et le souvenir du Temple n’en était pas la seule cause, loin de là ; Le Cercle de la Sorcière avait effectué un travail de sape conséquent. Météra était déchirée. Déchirée entre son envie de quitter la ville et son obligation d’y rester. Déchirée entre sa volonté de se séparer du Cercle et les liens qui l’en empêchaient. Déchirée entre ses envies de vengeance et le lien de sang créé à son encontre. Je ne m’étais pas trompé sur le Cercle de la Sorcière. Météra y avait vu une riche opportunité de pouvoir, oubliant qu’elle mettait les pieds dans un nid de vipères. Heureusement pour Météra, elle pouvait me compter comme amie. J’avais déjà sauvé sa vie lors du voyage jusqu’à Babylone, là ce serait sa destinée que je sauverais.

Le plus simple fut d’appliquer la stratégie « Cassandre ». Mes avancées en alchimie arrivaient à point nommé. Météra était liée à des membres du Cercle. Rien que mes talents ne soient à même de contrer. Mais mon aide aurait un coût. Un coût bien maigre au regard de la liberté qu’elle allait retrouver. Le défaut de Météra, je m’en rends compte aujourd’hui, était de penser à court terme. Elle voulait simplement fuir au plus vite la ville. Je lui apportai donc la chance de se libérer, de pouvoir quitter la ville, de vivre de nouveau. Mais pas de suite. Il fallait d’abord jouer le jeu. Continuer de jouer l’esclave servile et docile. Mais débarrassée du vinculum, Météra pouvait jouer double jeu et servir ses intérêt... et donc les miens, puisque j’étais sa porte de sortie.
En quelques mois, nombre de secrets me furent ainsi révélés. Et entre des mains habiles, savoir est souvent synonyme de pouvoir.

Météra resta encore une petite dizaine d’années à me servir à Babylone. Efficace. Son retour à Assur, planifié par mes soins se passa à merveille. Et Météra fut également mon premier pion efficace dans la cité voisine.

Mon amie Shârdanapal me pardonnera mais mes premier pas vers le pouvoir furent finalement bien liés au Cercle de la Sorcière... même s’ils prirent un tout autre chemin que je l’aurais imaginé initialement.

Falazar et ses voleurs

J’avais des projets pour Falazar. Mais la disparition inopportune d’Asshâni avait tout remis en cause. Je me réjouissais déjà à l’idée de goûter son sang... voir à découvrir par moi-même ce que l’acte interdit, devenu spécialité pour Thanatos, pouvait me procurer. J’espérais même découvrir quelques secrets que Koren, son parent, aurait pu lui transmettre par le sang. J’ai dû adapter. Falazar n’était après tout pas mon ennemi personnel. J’ai très vite découvert qu’il ne portait aucune affection pour son père. Qui plus est, Falazar était encore moins ouvert à la société que ce bon vieux Cush. Par contre, il avait rapidement acquis une influence forte en dehors des murs de Babylone. Un allié donc très utile, potentiellement.

Quand il apprit que sa tête ne tenait qu’à un fil et que j’étais sa seule option de survie – il suffisait de se positionner pour l’en convaincre – il se disposa très vite à m’offrir ses services. En quelques mois, la bande de brigands reconstituée de Falazar, passa d’une menace incontrôlée sur la ville à une force armée parfaitement maîtrisée... par mes soins. Je dois pour ceci en remercier Cush. C’est de lui que m’était venue l’idée d’exercer de l’extérieur un contrôle indirect de la ville.

Certes, plus d’une fois, cette petite alliance manqua de se retourner contre moi mais au final, ce soutien militaire fut un appui considérable.

La Clepsydre d’Or

En acceptant de rejoindre la Clepsydre d’Or, je pensais rejoindre une Ligue influente, baignée de pouvoir, malgré les apparences données. En réalité les apparences n’étaient pas tant trompeuses. La Ligue créée par Ishtar n’était que l’ombre d’elle-même. Jastur avait passé l’ensemble de son règne à légitimer sa position de Prince, délaissant l’organisation de la Ligue.
Certes une grande partie de son savoir avait été conservée mais la Ligue végétait à défaut de dépérir. Les négligences de Koren, pour ne pas dire ses actions corrompues, l’insouciance de Gardjina ou le désintérêt de Parsiphal avait laissé l’organe du pouvoir sur la cité s’éteindre peu à peu. A croire que la Ligue n’attendait que mon arrivée d’Iris pour retrouver ses couleurs.

Très rapidement, je mis en évidence les actions négatives de Koren. Jastur ne pouvait le punir officiellement sans discréditer la Ligue et son Pouvoir. Il ne me fut pas compliqué de discuter avec le Mekhet. Je savais qu’il avait trahi et appris les pouvoirs d’une autre Ligue venant d’Israël, violant nos lois d’unicité. Koren, coupé de l’appuis de Falazar, son infant illégitime, ayant perdu la confiance du Prince, affaibli, comprit vite que son seul salut était dans la fuite.

Naturellement, il fallait désigner quelqu’un de confiance et de volontaire pour occuper la place laissée vacante. Le Prince préféra choisir quelqu’un de neutre, un visage nouveau, plutôt que de désigner une personne trop visiblement liée à lui. Le choix se porta donc naturellement sur moi.

Au fil des ans, les départs « opportuns » de Gardjina et de Parsiphal firent de moi la responsable en second de la Ligue.

Babylone

La première tâche officielle qui m’occupa au sein de la Clepsydre fut donc de renflouer les caisses. C’était une nécessité. La cause était double : les attaques répétées de brigands sur les routes et le problème des taxes abusives orchestrées par les armées d’Assur. Le premier point était déjà réglé à la source avec mon ami Falazar. Il me suffit juste de faire passer pour une lourde tâche un problème aisément réglé. Falazar put ainsi rémunérer ses brigands et je pus renflouer mes caisses personnelles, dans un premier temps, avant de gérer progressivement celles de la cité. Le second point fut plus subtil à mettre en place. Mes contacts dans la cité « ennemie » furent d’une grande utilité et mon rôle d’émissaire encore plus. Sans parler de l’aide providentielle de Nakia qui s’avéra être à même de remplacer parfaitement feu son parent.

Le défaut de la Clepsydre avait aussi été de trop laisser se rompre les liens avec les mortels. Je passai donc mes premières années à Babylone à tisser de nouveaux liens avec la population du jour : les marchands, les administrateurs, les responsables militaires et religieux, ... Je sus, au fil des liens, m’entourer intelligemment, alliant parfois mon sourire aux muscles d’Ecuménas. Ainsi, les prêtres du Temple de Marduk, longtemps considérés comme des ennemis potentiels, devinrent en quelques années une intéressante source de revenue pour la ville. Je parvins même à « réguler » leur activité liée au trafic d’âmes. Contrôler qui serait sacrifié et privilégier des gens venant de l’extérieur de la cité, garder un oeil sur l’influence et le pouvoir des prêtres et en tirer des revenus complémentaires. Une intéressante combinaison.

Une autre source de revenue utile vint des activités illégales exercées dans les ruines du palais. La Côterie Kallid amassait une petite fortune mais connaissait des difficultés liées à la sécurité des quartiers qu’elle contrôlait. Jamais la Côterie n’aurait accepté que le Prince ou quelqu’un proche de lui ne vienne mettre le nez dans ses affaires. Mais, au contraire, contrôler et manipuler quelqu’un proche du Prince se présenta comme une aubaine. La Côterie Kallid apprit bien trop tard que la personne qu’ils considéraient comme liée au sang ne l’était finalement pas.

Aujourd’hui, la Côterie ne peut regretter le passé. Si leur repaire a disparu depuis la reconstruction du palais, leur activité a subsisté et reste florissante... et rapporte indirectement aux caisses de la Clepsydre et donc de la ville.

Etonnant ce qu’un cheval et quelques gouttes de potion peuvent apporter...

Assur

Comme évoqué plus tôt, très vite je me suis rendue compte que mon ascension au sein de notre société à Babulone ne pouvait se faire sans Assur, la cité voisine et ennemie. J’avaiis vécu dix années sur place et connaissais très bien Nakia qui gouvernait tant bien que mal la ville. Assur avait déjà vaincu militairement Babylone et s’engraissait allégrement de nos richesses. La révolte grondait dans Babylone et le Prince se posait la question de lancer une révolte interne. Celle-ci avait peu de chance de réussir face à la puissance militaire de notre ennemie. Et quand bien même, je n’avais aucune envie de revivre un bain de sang qui aurait risqué de sacrifier la moitié de la ville.

Je me portai naturellement volontaire lorsqu’il fallut entamer des négociations. Météra fut charger de m’escorter. Je partis pour Assur avec pour mission d’instaurer une paix durable. Lorsque je revins, de longs mois plus tard, non seulement la paix était garantie mais la Clepsydre d’or s’était implantée à Assur, le Prince de la ville avait changé et était directement sous notre contrôle et Météra resta sur place pour s’assurer que les choses se passent bien. Nakia me suivit à la place de Météra et je lui offrit de reprendre le flambeau laissé par Asshâni à Babylone. Proposition qu’elle accepta avec plaisir.

Quelques dizaines d’années plus tard, force est d’admettre que l’aura militaire et culturelle de Babylone a diminué au profit d’Assur. Mais je reste persuadée que cela était inévitable et ce serait encore accentué si la guerre avait repris. Et aujourd’hui, même si d’un point de vue de mortel Assur domine Babylone, il en est tout autre dans la politique des Immortels.

Les Ventrue

Les Ventrue avaient toujours été l’ennemi latent face à l’autorité du Prince, de la Clepsydre ou même des Daeva dans la cité. Si je parvenais à juguler leurs velléités et leurs projets, je parviendrais à asseoir le pouvoir du Prince et donc le mien.

Le primogène Nosfératu m’avait déjà avoué en souriant que les Ventrue tramaient quelque chose. En quelques années mon emprise sur la campagne alentour s’était petit à petit accrue. Les activités de la Côterie Kallid étaient supervisées par mes soins. L’influence des prêtres de Marduk était maintenant étroitement surveillée. Mais ma vision sur le clan Ventrue restait vierge. A chque difficulté qui se présentait, je soupçonnais les Ventrue mais jamais je ne pus établir une preuve suffisamment flagrante pour les évincer.

Je dûs donc me résoudre à appliquer la même stratégie qu’avec la Côterie Kallid. Un paris risqué mais qui s’avéra payant. S’offrir ouvertement à l’ennemi et lui proposer ses services et, pour preuve de ma prétendue loyauté, accepter de me lier par le sang. La sorcière Euménès soit doublement remerciée de ne pas avoir disparu avec tous ses secrets. Je ne pris cependant pas le risque de me lier définitivement au sang. Je ne voulais pas devenir dépendante des potions. Le paris aurait été bien trop risqué.

En cinquante années je n’ai jamais réellement pu effacer cette menace mais mon implication personnelle m’ont permis à de nombreuses reprises de devancer certaines menaces. Nakia soit remerciée pour ses services rendus. Onéreux mais efficaces.


Plusieurs dizaines d’années furent nécessaires à ce que tout se mette en place. Une éternité pour un humain mais un temps très raisonnable à l’échelle d’une Immortelle. Héra voulait que je prenne des contacts et tisse des liens en Mésopotamie pour l’Olympe. Une centaine d’années plus tard, ma mission est plus que remplie. Officiellement, je suis devenue le bras droit du Prince de la cité la plus influente culturellement et politiquement de la région. Officieusement, certains murmurent même qu’Iris, plus que le Prince, tire les ficelles. Je suis probablement la seule à connaître la réalité des choses et serais heureuse de t’accueillir dans ma ville lorsque tu te réveilleras.


Ce premier bilan résume le premier bon temporel à Babylone, pendant le premier voyage de l’ordre des Ténèbres à travers le portail du Temple de Marduk...