Ce qu'est vraiment le Jeu de rôle...

Je suis moi-même un joueur et meneur de jeu passionné, mais je ne pense pas avoir rencontré dans toute ma carrière de rôliste (j'ai commencé a 12 ans) UN seul, je dis bien un seul gars (ou fille, on oublie trop facilement les filles dans ce milieu quand même sacrément masculin) qui ait confondu fiction et réaliste. A mon humble avis, il est beaucoup plus facile de franchir cette frontière avec un film (certains débiles ont déconné sur Matrix, y paraît) ou pire, un roman. Je veux pas faire l'intello, mais lisez donc "Don Quichotte", de Servantes. Ce gars-là, il est sérieusement frappe, et pourtant, il est admiré. De nombreuses personnes s'identifient aux personnages de roman de manière très forte. Au contraire, dans le milieu du jeu de rôle, on a affaire à des adultes qui aiment rêver, des gens qui ont besoin de véhiculer leur imagination. Le jeu de rôle est pour ces personnes un excellent moyen d'extérioriser. Je suis dans une association de jeux de rôles depuis trois ans, et là, et même avant, j'ai vu des gens s'épanouir totalement grâce a ce support ludique. Le jeu de rôle est un jeu de société, dans le sens ou il permet d'avoir des rapports sociaux. Ces rapports sont véritables (dans une association, on rencontre plein de gens super qu'on n'aurait jamais aborde autrement), mais facilités parce que cachés derrière un jeu et des concepts plus subtils. Je connais des personnes très dures, voire violentes et arrogantes, qui deviennent super cool au contact du jeu, parce que le jeu les intéresse, et qu'il sont près a y consacrer des efforts qu'ils n'auraient jamais même imaginé pour la vie réelle. Certains éducateurs et animateurs utilisent d'aileurs le jeu de rôles pour occuper les jeunes des banlieues défavorisée. Et ces efforts sont payant. Mon expérience personnelle me permet d'appuyer cette thèse de défense hardie du jeu de rôle Après mon bac, je suis allé dans une école loin de chez moi, ou je ne connaissait bien sur personne. Cette nouvelle ville m'était inconnue. Heureusement, j'avais un hobby, le jeu de rôle Avec l'annuaire des associations, j'ai récolté deux adresses de clubs de jeux de rôles, et je me suis pointe dans le premier, au hasard. Là, je tombe en pleine Assemblée Générale de Rentrée. Une quarantaine de personnes. Et moi, jeune boutonneux, tout intimidé, osant a peine rentrer, tout seul, le soir. Brrr ! Deux heures plus tard, j'avais déjà une dizaine de personnes qui discutaient de manière sympathique, ouverte, joyeuse et rassurante avec moi. Je fais une partie, et c'est parti ! Tout ça pour dire que le jeu de rôle, c'est un super support pour stimuler l'imagination, mais c'est aussi et surtout un moyen de vivre des émotion avec des gens extraordinaires. Et je leur dis merci.

Benoît Cherel, co-créateur d'Altaride,

Meneur de Jeu et auteur de scénarios.

... Relisant ce texte pas mal de temps après l'avoir écrit, je me sens obligé d'y revenir pour affiner ma vision du jeu de rôle. Je pense qu'elle a notablement évoluée, qu'elle a mûri, notamment au contact de joueurs (et Meneurs de Jeu) qui savent disserter sur leur loisir, en parler plutôt que simplement le vivre.
J'ai dit ci-dessus que je n'avais jamais rencontré un seul joueur qui confonde fiction et réalité. Je me vois malheureusement dans l'obligation de dire maintenant le contraire. Cette sorte de gens est en fait assez courante. Simplement, ce ne sont pas des cas sociaux ou psychologiques particuliers. Ils sont humains, c'est tout. Je crois que dans tout jeu, on insère une part de soi, une partie de son enfance, de ses rêves. Quand on joue au Monopoly et qu'on achète des rues entières, c'est en partie pour répondre à un fantasme, celui d'accroître ses biens... La nature humaine est complexe, mais au niveau rôlistique, ce que je dis des joueurs ci-dessus n'est vrai que pour une sorte d'élite, justement les joueurs qui parviennent à intellectualiser leur rôle. Le bon joueur n'est pas celui qui "vit" le personnage en prenant sa place. Si cette technique ajoute de l'intensité, elle nuit à l'ambiance de camaraderie et de jeu qui doit régner autour de la table. Le jeu de rôle est social, il nécessite autant de talent pour la prise de parole que pour l'écoute, pour l'imagination que pour la rélflexion. Le joueur qui vit son personnage ne fera plus attention à l'ambiance de table, aux autres joueurs, au fait qu'ils doivent s'amuser eux-aussi pour que la partie soit une réussite.
Il existe donc une sorte de joueurs qui confond fiction et réalité. Ces gens se prennent tant au jeu qu'ils oublient qu'ils ne sont pas tout seuls. Tout comme celui qui possède toute la dernière rangée de rues dans le Monopoly et qui s'extasie à raquetter les autres joueurs, qui s'ennuient à tourner en rond sur le plateau de jeu... Le problème est le même. Le danger, puisqu'on parlait de danger, n'est pas exactement plus grand. Le seul qu'on encoure vraiment, c'est celui de pourrir l'ambiance avec des "mauvais joueurs". La diplomatie est donc essentielle aux bonnes parties. Et le choix des joueurs aussi. Ils doivent se compléter, s'entendre et savoir évoluer en groupe pour avancer en harmonie, sans heurts.
Pour changer de sujet, je lis dans mon texte ci-dessus que certains animateurs utilisent le jeu de rôle dans les banlieues pour les jeunes. C'est vrai, parce qu'il y a un concept très éducatif dans le jeu (quel qu'il soit, d'ailleurs), ce sont les règles. On ne peut pas tricher. Et apprendre à respecter les règles dans un jeu permet de comprendre qu'il existe aussi des règles dans la vie, et qu'il est important de ne pas les violer. Le jeu de rôle permet en quelque sorte de simuler la réalité, et donc de s'appercevoir des conséquence d'actes virtuels, bien mieux que les jeux vidéo qui, bien qu'ils fassent ces dernières années des progrés intéressants dans ce domaine, ne parviennent jamais à humaniser le support (ça commence notamment avec les jeux en réseau et les jeux de rôles en ligne... Dans une dizaine d'années, on trouvera certainement des choses très intéressantes de ce côté.

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