la guilde d’Altaride

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Poésie

Cheval d’écume et cheval de terre

Calli Kayan

jeudi 21 septembre 2006, par Calli Kayan

Sur la plage éclaboussant l’eau là où meurent les vagues un cheval gris les brise dans leur dernier élan.

Quel affront, la mer n’acceptant pas que l’on piétine son territoire envoya ses guerriers, des chevaux faits d’écume, sur leur dos comme cavalier ils portent des vagues qui iront cette fois jusqu’à lécher les flancs du cheval gris. La guerre fut déclarée, l’une des innombrables pour gagner un brin de territoire sur le sable mouillé qui n’est ni terre parce qu’il est mouillé, ni eau puisque il est solide. Le cheval gris pivota sur ses sabots arrière puis galopa vers le fond de la plage. Mû d’un instinct guerrier inconnu de ces créatures jusque là pacifiques il bondit puis se jeta vers l’océan. Son cri n’était pas le sien, c’était un rugissement plus qu’un hennissement, on le lui avait appris

« Cesses de vouloir faire ami ami avec l’eau, elle te volera tes pâturages, elle est une infidèle qui ne respecte ni la nature ni les hommes pourvoyeurs de ta pitance. Tu dois détruire l’ennemi, si tu y meure tu iras au paradis pour avoir servit ce en quoi tu crois. »

Cheval D’écume était lui transporté, par de grandes ailes noires couleur haine qui lui avaient été donnée

« Ne vois-tu pas qu’il te nargue, il te volera le sol que tu foule. Ce sanctuaire sacré qu’est ta demeure, tu dois protéger les habitants de ce fourbe, défends cette cité de l’eau, elle est précieuse, ainsi l’a dit le livre sacré. Combats les infidèles qui veulent la fin de tout. »

Poitrail contre Poitrail ils se cabrèrent, leur coups de sabots blessaient chacun de leur adversaire, comme tout guerriers entraînés qu’ils étaient ils cherchaient les flancs de leur adversaire. La queue servant a chasser les importunes mouches étaient devenu un fouet, leurs dents qui mangeaient herbe ou algues devenaient des épieu déchirant la fine peau sous le poils. Les flancs du cheval de la Terre commençaient à s’épuiser, l’eau claquait sur lui ; au loin il crut distinguer des hommes ainsi que leur parole.

- Ce cheval est fou de se jeter dans l’eau comme ça

Ils ne comprenaient pas eux, on ne leur avait pas appris la vraie voie. Lui il savait la vérité, il voyait bien le cheval d’écume l’attaquer. La voix de la vérité avait parlé, il devait détruire les infidèles. Comment ne pouvaient-ils pas voir les formidables sabots de ce cheval de la mer qui déchiraient ses flancs ? Cette crinière si grande, si longue et fournie qu’elle l’étouffait ? Et leur écume qui se mêlait.

Il voulut leur montrer pour qu’ils l’aident ... L’eau est un ennemi qu’il faut éliminer. Mais quand il se retourna le cheval d’écume n’était plus, seule une grande vague qui s’apprêtait a le submerger se dressait son séant. Le cheval gris refusa l’évidence et resta là près a combattre son ennemi qui devait s’être cachés. Celui qui lui avait appris a ce battre pour le bien ne pouvait lui avoir menti, sa parole était sacré non ?

Il se rappela le stupide poulain qu’il avait été, il se revoyait galopant près de l’eau, en y posant juste ses sabots, prenant garde a ne pas se noyer. L’eau était son ami, il suffisait de faire attention. Et les vagues léchaient ses sabots nullement offensées d’être brisées à leur mort sur le sable. Puis heureusement le prophète lui avait parlé, apprit que la mer était fourbe, tôt ou tard elle prendrait le pouvoir. Ainsi il avait enseigné au cheval de Terre à se battre contre l’ennemi, il lui avait apprit à voir l’ennemi caché dans l’océan tranquille.

Le cheval gris se réveillé de sa torpeur, au loin un homme aussi semblait se battre, contre un Homme d’eau... Le cheval de la terre comprit alors que lui aussi avait été abordé par un prophète. qu lui avait appris à voir des chimères pour se servir de lui........

Sur la grève la mer rendit deux corps, l’un était celui d’un cheval fou qui s’était jeté dans la mer croyant avoir tué le bon ennemi, l’autre était celui d’un homme ayant fait la même erreur.

Penchés sur leur deux corps raides, les prophètes se regardaient en souriant.

Prophète Cheval : oui c’était la bonne méthode d’endoctrinement , nous sommes parvenu a faire ce que nous voulons de ces deux la, y compris de leur faire penser que l’eau recélait des ennemis

Prophète Homme : la prochaine fois que nous enrôlerons, finis les tests, les ennemis ne seront pas l’eau mais nos propres ennemis

Prophète Homme : oui nous sommes enfin près, notre armée attaquera la ville au nom de la divinité et de la parole sacrée.

Les corps des cobayes ne furent ramassés que bien plus tard par des corbeaux qui avaient faim.


Calli Kayan, 2006.