la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

Accueil > Créations > Fils des siècles > Ancienne chronique > Contributions > Asshâni > Sharmila la timide

Vampire le Requiem

Sharmila la timide

Fils des siècles

mardi 14 décembre 2010, par Asshâni

Une nouvelle fois je revenais à Ashur, ma citée ne cessait de m’émerveiller, elle avait encore grandie, attiré de nouveaux habitants, et la ville vivaient au rythme des campagnes militaires.

Si j’avais fait un arrêt dans cette cité, c’est que j’avais une idée bien précise en tête, plus que jamais, l’Egypte menaçait le monde connu, et plus que jamais seule ma lignée pourrait se poser en défenseur.

Je comprenais l’importance de prendre des disciples, car ce n’est pas par les paroles que nous arrêterions utanapisti mais par une armée ! Oui une armée de non vivant, rompus aux combats, agissant dans l’ombre de ma bien aimée.

Comme il y a plusieurs siècles, j’allais tout d’abord constater l’évolution de ma descendance mortelle, depuis que nakia avait chutée et n’était plus là pour les protéger en sous main qu’était il devenus ? Feu ma femme, veillait elle sur eux à sa façon ?

Après quelques mois pour démêler ma lignée directe, je m’aperçut qu’ils allaient bien : haut fonctionnaire ou officier d’armée, l’important avait été le début, ils ne me décevaient pas et essayaient de porter haut les couleurs de l’Assyrie, pour que notre pays rayonne de par le monde.

Ceci dit je n’avais aucune idée, de l’archétype de personne que je cherchais, et ma famille était devenu si nombreuse au fil des années que le choix en devenait cornélien, et quelque part devant cette prospérité j’espèrais que mon épouse était fière de moi.

Je chassais ces démons du passé et me reconcentrais sur ma tâche présente.

L’étreinte de Nakia avait été plus simple, et efficace, passé un siècle de bisbille, de je t’aime moi non plus, les récents évènements de Babylone m’avait rapproché d’elle. Nakia était toujours aussi ambitieuse, moins naïve, et m’égalait dorénavant dans cet art si complexe qui est celui de faucher les vies, elle avait développé une technique bien à elle, tout en grâce et rapidité, et avec l’ombre comme aliée, il ne faisait aucun doute qu’elle deviendrait un élément incontournable à notre cause, si toutefois son ambition ne la détournait pas.

J’observais, les mois passaient, je frayais peu avec la société non vivante, mon objectif était ailleurs. Je suivais plus particulièrement deux des mes arrières petite filles, des soeurs, la vingtaine passée. leur duo me fascinait, l’une se nommait Sharmila, l’autre Ishtaria, cette dernière pour une femme n’avait pas la langue dans sa poche, elle tenait avec sa sœur un commerce de draperie. Dans un premier temps ce fut ishtaria qui m’intéressais, ca façon de commercer, de négocier, et son intelligence, m’apparaissait comme séduisante, elle tenait la boutique d’une main de fer, et tenait la dragée haute à ses comparses masculins.

Un caractère bien trempé, elle n’hésitait pas à user de toutes les ruses pour couler les affaires de ses concurrents quitte à demander des passes droits, à ses cousins bien placés. Un état d’esprit digne de mon clan.

Ce fut en suivant ishtaria pendent plusieurs mois, que je remarquai sa jumelle. Très effacée, elle était la prudence incarnée, ne disait mots. Grâce à des petits détails que je m’attachais à elle : sa précision ses gestes précis lors de la découpe des draps, son effacement dans la pénombre de l’arrière boutique, et puis discrète comme elle était, j’étais au final après des mois d’hésitation à peu près sur qu’elle ferait une élève parfaite.

Une nuit alors qu’elle avait travaillé tard, et qu’elle s’affairait à fermer la boutique, éteindre le feu qui lui servait à sécher des tissus, je l’observais.
Quelles minuties dans le moindre de ces gestes ! Elle referma la porte de l’échoppe non sans oublier d’en confier la garde à ishtar, puis s’en alla rentrer.

JPEG - 399.2 ko

Depuis des mois que je l’épiais jamais et ne fut plus désirable qu’à ce moment là, sa démarche, son allure, sa prestance, tout indiquait une minutie et une maitrise de soi hors pair.

Par désirable j’entends par là que je la voulais ardemment comme une arme d’une facture exceptionnelle qui attend d’être aiguisée, comme une pierre précieuse brute qui demande à être taillée, un chef d’œuvre en devenir et pas bassement par des sentiments passionnels qui me devenait de plus en plus étrangers.

Alors qu’elle progressait, je vis que l’ombre semblait l’entourer de ses bras, sa timidité naturelle s’exprimait elle ainsi ? Si en plus ma maitresse me la désignait… pourquoi hésiter !

Elle s’engageait dans une ruelle plus sombre que nature, et comme j’adorais jouer au chat et à la souris avec mes futurs infants, je m’assis sur un tonneau dans la ruelle déserte et me révélait à elle à quelques mètres de son passage devant moi.

« Bonsoir Sharmila »

Après près de deux siècles, de dissimulation, je ne me lassais jamais de ces effets de scène, et regardait le visage mi horrifié mi étonné, ce qui en passant lui allait très bien.

Elle me dévisagea sans pour autant perdre son assurance, se frotta brièvement les yeux puis se repris ; je laissai la souris venir dans mon piège.

- qui êtes vous ?
- aah : et si je te disais que je suis ton ancêtre ?
- Alors je vous dirai que vous êtes un fieffé menteur ! déclara après une hésitation la demoiselle
- Je pourrai être immortel ?
- Je ne suis plus une gamine à qui on chante les comptines de Gilgamesh !

Je voyais ses yeux calculer la distance la séparant de la sortie de la rue à plusieurs centaines de mètres de là. Mon regard quant à lui, s’attardait sur la veine pulsant du sang pur à son cou.

- Je te trouve la langue bien déliée ce soir jeune femme !
- L’on ne s’est jamais vu comme pourriez vous le savoir ? Cessez de m’importuner, je ne vous ai rien fait et vos divagations n’ont rien à voir avec moi.
- Oh que si, tu apprendras que tout est lié, et cesse de regarder où courir te réfugier, je veux juste une petite discussion, sans plus.
- Que voulez vous savoir ?
- Rien, puisque tu ne me crois pas immortel, je suis déçu je pensais t’offrir mes pouvoirs.
- Espèce de menteur, vous n’êtes pas plus immortel que le vieux joe, vous avez à peine la vingtaine.

Elle était plus retorse que je ne le pensais mais c’est le problème avec les mortels après tout aucun n’a réellement conscience de notre existence.

- Tu m’agace et tu ne comprends pas vraiment la chance que je t’offre ! Ma seule maitresse est la nuit, l’ombre me berce de ses bras, tient regarde la tienne.
Alors qu’elle se penchait sur son ombre, je la modifiais, des ailes surgirent de sa silhouette, des plumes d’ombres s’en détachant, et battait l’air.
- Qu’en dis tu ?

Elle restait bouche bée, terrifiée.

- N’aie crainte, je suis là car l’ombre et moi t’avons choisi, tu va devenir immortelle, et comme une dague attend d’être sortie du fourreau, je vais faire de toi,la plus puissante d’entre nous : une perfection.

- Mais bégaya elle, que vais-je devenir ? Et ma sœur ?
- Et voilà toujours le même refrain ! je t’offre l’immortalité et des pouvoirs hors de tes rêve les plus fou et toi tu parle de ta petite vie minable de couturière. Vas-tu passer à coté de cette occasion unique ?
- Vous m’avez l’air d’être le mal incarné
- Le mal Le bien, des notions toutes relatives, le serpent qui tue un homme est le mal, celui qui tue une hyène enragée est le bien , j’agis dans l’ombre certes, et la nuit m’a fait don de puissants atouts, mais il faut parfois combattre le feu avec le feu. Et puis je n’ai pas dit au final que tu avais le choix de repartir comme tu es venue Sharmila !
Je sens de la noirceur dans ton âme, ton travail te plaît mais le fait qu’Ishtaria occupe le devant de la scène te pèse, non ?
- effectivement un peu … de là à devenir immortelle.
- Décide toi, oui tu deviens immortelle, non et tu redeviens la souillon de ta sœur
- Que dois je faire en échange ?
- Oh il est vrai que si je t’octroie tout ceci, il faudra bien suivre mes leçons, mis à part ça, je ne mettrai pas le couteau sous la gorge à ma propre infante, si c’est ce qui t’inquiète. bon maintenant ta décision : est tu d’accord ?

JPEG - 714.2 ko

Naïvement elle regardait son ombre dont les ailes restaient là, battant un ciel invisible, elle hocha la tête... doucement les yeux rivés sur sa silhouette d’ange.

"je prend ça pour un oui, sharmila, rejoins la nuit et embrasse ma maîtresse"

Je disparaissais et apparu derrière elle, lui plantant les crocs dans son cou parfait, elle ne cria même pas, et puis l’étreinte fit son effet.

Elle était la gisant sur mon genoux, aux portes de la mort, quand je lui donnais de mon sang, puis elle saisit le poignet doucement puis goulûment, puis pendant qu’elle refermait ses yeux, je me défaisais doucement de sa prise et lui chuchotait "Que la nuit te bénisse Sharmila la timide, fille d’Asshâni du clan Mekhet".