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Richard N

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FC Nantes 1943, naissance d'un club

Le Football Club de Nantes a pour date de naissance le 21 avril 1943. Il a donc été créé durant l’occupation allemande. Acte de résistance ou pure collaboration?

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D’abord la légende: dans l’arrière-salle du Café des Alliés, rue de la Fosse à Nantes, une grosse douzaine de dirigeants issus de différents clubs amateurs nantais se mettent d’accord pour œuvrer en commun à la naissance d’un grand club. Ainsi la Saint-Pierre de Nantes, la Mellinet, l’AC Batignolles, le SNUC (Stade Nantais Université Club), l’ASON (Association Sportive Ouvrière de Nantes) et l’ACBL (Amicale des Chantiers de Basse-Loire) unissent-ils leurs efforts pour donner naissance au Football Club de Nantes.
 


Les couleurs du cheval

Jean Le Guillou, entrepreneur en travaux publics, est nommé président. C’est lui qui suggère les couleurs du club. Il possède des chevaux de course et l’un d’eux le fascine particulièrement. Il gagne de nombreuses courses et son jockey court en jaune et vert. Mais le véritable patron du club s’appelle Marcel Saupin. Président du club de la Mellinet, le "Lion", tel qu’on le surnomme, porte le projet depuis le début et multiplie les contacts entre les différents clubs. C’est lui aussi qui se charge se trouver un entraîneur pour la nouvelle entité et d’assurer les premiers recrutements.
 

 



 

La naissance du FC Nantes suit un scénario finalement très classique. Si ce n’est que nous sommes en 1943. Toute la France est occupée par les Allemands. Toute? Disons une grande partie, dont Nantes qui n’a pas trouvé la potion magique pour résister encore et toujours à l’envahisseur. La Cité des Ducs compte alors environ deux cent mille habitants, et son industrie est florissante. Les Allemands ne s’y sont pas trompés, qui ont réquisitionné – entre autres – le port et les Chantiers navals. La ville devient un point stratégique, et donc une cible privilégiée pour les Alliés, qui lancent quelques raids aériens et lâchent des bombes qui sèment la panique, et souvent la mort.
 


Collaboration active

On peut donc s’étonner que dans ce contexte de peur et de privations, quelques notables n’ont d’autre occupation (si l’on ose écrire) que de monter un club de football. Longtemps la légende a laissé entendre que les réunions dans les arrière-salles de bistrots se sont déroulées dans le plus grand secret, au mépris des couvre-feux imposés par l’occupant. Tout juste si l’on ne les mentionnait pas comme un acte de résistance.
 

Lorsque furent ouvertes les archives de la ville au début du siècle actuel, on ne fut qu’à moitié surpris d’apprendre que les deux principaux dirigeants du club, Marcel Saupin et Jean Le Guillou, adhéraient à Collaboration, un groupe politique on ne peut mieux nommé, qui défendait l’idée selon laquelle la France devait se soumettre à l’occupant allemand pour accéder à la modernité. Un groupe où figuraient également quelques personnalités nantaises de renom, parmi lesquelles le célèbre biscuitier Lefèvre-Utile, créateur des petits LU.
 

Si l’adhésion de Saupin semble rester du domaine de la collaboration passive, celle de son ami Jean Le Guillou, premier président du FC Nantes, dépasse largement le cadre des petits arrangements. Son entreprise de bâtiments publics est régulièrement sollicitée par l’occupant pour des travaux d’envergure. Le Guillou collabore activement et s’enrichit. La guerre lui permet d’acquérir des cabarets, des bijouteries et… ses chevaux de course.
 


Comme si de rien n’était

À la Libération, Le Guillou décide d’aller se faire oublier en Suisse, laissant le poste de président du FC Nantes à Saupin. Il reviendra à Nantes quelques années plus tard à la faveur de la loi du 5 janvier 1951 qui amnistie les collaborateurs condamnés à de courtes peines. Il reprendra comme si de rien n’était l’activité de son entreprise, mise sous séquestre depuis 1945. Puis retrouvera la présidence du FC Nantes, en 1955.
 

 


L'équipe du FC Nantes 1943/44.
 

Le nom de Marcel Saupin restera très présent dans la mémoire nantaise. Lorsque l’ancien patron du club meurt en 1963, la ville de Nantes donne aussitôt son nom au stade. Ainsi le grand FC Nantes jouera pendant plus de vingt ans dans une enceinte qui portera le nom d’un illustre collaborateur. Aujourd’hui, le centre tertiaire qui a pris place à côté de ce qui reste du stade (un gazon et une unique tribune remise à neuf) porte le nom d’Espace Saupin sans déclencher la moindre polémique. Dans l’esprit des Nantais, le nom de "Saupin" évoque plus les soirées foot que les heures sombres des années d’occupation.
 

Nantes, ville dont la prospérité doit essentiellement au commerce triangulaire, est restée célèbre grâce à un club de foot créé pendant la guerre par des "collabos". Heureusement, les équipes successives ont façonné au fil des années une image sportive plutôt positive, en pratiquant un football collectif et chatoyant (le fameux "jeu à la nantaise"), en privilégiant la formation plutôt que le recrutement, et en remportant de nombreux titres. Le club jaune et vert restera plus de quarante ans d’affilée en première division, un record.

 

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